Dépendante de la disponibilité au sein de l’espace médiatique largement mobilisé par la crise sanitaire, la thématique de la migration parvient tant bien que mal à se hisser dans l’actualité de nos médias. Les drames humains rapportés relèvent plus de nouveaux épisodes d’une série déjà connue que d’une situation nouvelle. Personne n’ignore ce qui se passe derrière nos portes blindées. Il est urgent de se saisir réellement de cette situation aberrante et de prôner des politiques respectueuses des Droits humains.

Plus que jamais, il faut se lever, faire entendre notre voix humaniste et refuser la haine et les discours de peur. Il faut dénoncer les politiques nationales et européennes qui, au nom de la distinction des origines, expulsent ou maintiennent en détention. À la recherche des meilleures voies de déresponsabilisation et d’évitement, nos riches États semblent prêts à tout, quitte à renoncer à leurs propres valeurs démocratiques en recourant aux services d’États sous-traitants, dont les violations des Droits humains sont par ailleurs dénoncées publiquement. Les embûches se multiplient et les frontières se dressent. Les mers qui nous entourent deviennent des cimetières anonymisés. Aveuglés par leurs querelles politico-économiques, ces pays se renvoient la balle, pendant que des vies se perdent.

Nos pays ne traitent guère mieux les personnes une fois qu’elles réussissent, au péril de leur vie, à atteindre notre territoire. Le traitement des migrants en attente d’un statut, et même une fois installés dans notre pays, est brutal. En tant qu’humanistes, nous ne pouvons que nous offusquer de voir comment le rapport à l’Autre est politiquement rendu aussi difficile, presque totalement déshumanisé. Une véritable remise en question est urgente. Il faut néanmoins faire la part des choses car les situations et aspirations des migrants sont multiples et requièrent des réactions adaptées. Le constat est dur mais nécessaire. Il faut aussi aborder la question migratoire de manière plus large, en incluant notamment les aspects liés aux mobilités intra-européennes, aux apports positifs de l’immigration et à la politique d’accueil des primo-arrivants.

Cette publication nous donne l’occasion de rappeler notre position ferme sur la question migratoire, affirmée dans notre “Plaidoyer laïque en faveur de la liberté de circulation”, adoptée officiellement par le Centre d’Action Laïque en 2013 et publiée dans le Bruxelles Laïque Echos de décembre 2016.

Ce 115e numéro du BLE explore une pléthore de questions sur le sort des migrants en Belgique et plus particulièrement à Bruxelles. Il aborde le rapport que nos États entretiennent avec leurs frontières, d’un point de vue géographique ou historique, la question du genre, ce que notre langage révèle de notre rapport à l’Autre, l’extrême-droite ou encore le dumping social.

Notre engagement sur la thématique de la migration ne date pas d’hier et les pages qui suivent assument une position claire et ferme sur le sujet. Elles ne constituent pas un aboutissement, mais sont une étape afin de ne pas laisser ces questions à ceux qui les instrumentalisent à des fins électoralistes et ethno-centrées. L’Europe et le monde sont à un tournant historique et le sort des valeurs humanistes que nous défendons est en jeu. Le débat dévie souvent de manière extrêmement négative mais nous devons garder le cap.

Nous vous souhaitons une année 2022 plus sereine et riche en réflexion, sans que personne ne soit oublié.

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