Autant la Cité, au sens noble, inspire un certain idéal démocratique, citoyen et humaniste, autant la ville contemporaine, a contrario, rassemble des réalités qui sont loin de correspondre à nos idéaux. Bruxelles, en tant que capitale multiple, représente à plusieurs égards une illustration de cet apparent paradoxe et des tensions engendrées par le paysage urbain qui nous entoure.

L’organisation urbanistique en révèle évidemment beaucoup sur notre histoire. Mais elle en dit aussi long sur l’organisation de notre société, tant les expériences vécues de la ville diffèrent les unes des autres. Les principes de liberté, d’égalité et de solidarité se déclinent de manières particulières dans les villes-mondes d’aujourd’hui, où s’entremêlent une myriade d’histoires, des plus générales aux plus particulières. Nous avons voulu prendre un moment pour réfléchir aux enjeux qui composent le quotidien de celles et ceux qui font la ville, avec un mélange de réflexions plus théoriques et d’expériences et d’initiatives concrètes. 

Ce numéro du Bruxelles Laïque Echos interroge les dynamiques sociales de la Cité, à travers le prisme de la laïcité et des préoccupations sociopolitiques qui nous animent. Qu’il s’agisse de la gestion démocratique du pluralisme, des récits qui donne une charge émotive aux lieux et aux manières de vivre la ville, des processus de gentrification des quartiers, des différences de genre, du désir d’évincer celles et ceux que l’on considère comme indésirables, mais aussi des interpellations et des luttes citoyennes, sans oublier la culture et les défis qui sont les siens, les articles offrent différents points de vue sur Bruxelles, ses communautés, son pluralisme. La complémentarité de ces perspectives offre un panorama riche, mais il n’a pas la prétention d’épuiser les enjeux urbains et de justice sociale qui façonnent la vie des habitantes et des habitants de la Région.

L’objectif de ce dossier thématique est de nourrir le libre-examen de tout un chacun en interrogeant le rapport à l’histoire, aux institutions, aux frontières visibles et invisibles, aux autres ainsi qu’à la laïcité elle-même, dans ce qui nous entoure et nous est familier. Sans jamais vouloir nous poser en donneurs de leçons, nous demeurons résolus dans notre approche et notre intention à apporter notre pierre à l’édifice, à la construction d’une culture civique commune, à l’échelle qui est la nôtre.

En espérant partager avec vous un regard différent sur la ville, afin de mettre en doute nos certitudes et nous projeter dans l’altérité qui nous enrichit toutes et tous, nous vous souhaitons un printemps riche en inspirations et en réflexions.

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