« Le dialogue, relation des personnes, a été remplacé par la propagande ou la polémique, qui sont deux sortes de monologue. »
Albert Camus.
Face aux crises et actualités qui secouent nos sociétés, ces mots d’Albert Camus résonnent plus fort que jamais. Le dialogue semble aujourd’hui épuisé alors que sa nécessité n’a jamais été aussi criante.
Dans nos démocraties fragilisées, menacées par les extrêmes et les replis identitaires, le dialogue politique est devenu un champ de bataille. Il faut le défendre, le réinventer, le rendre à nouveau légitime.
Dialoguer, c’est oser la rencontre. Accueillir les divergences sans les fuir. Construire du commun sans effacer les différences. C’est refuser les silences imposés, les faux consensus, les débats piégés.
Le Festival des Libertés est souvent présenté comme un lieu de confrontation d’idées. Mais la confrontation n’a de sens que si elle s’accompagne d’un dialogue. Sans dialogue, pas d’écoute réelle, pas de reconnaissance de l’autre, pas de transformation des rapports de force en compréhension mutuelle.
Ce numéro est donc un premier écho de la thématique du Festival. On y explore le dialogue sous toutes ses formes : démocratique et politique, lorsqu’il fonde la légitimité des institutions mais peut être dévoyé par certains acteurs ; diplomatique, lorsqu’il devient un outil pour prévenir les conflits et transformer les rapports de force en compréhension mutuelle ; culturel et social, lorsqu’il contribue à réduire les inégalités symboliques – telles que les inégalités de genre – et à créer des espaces d’écoute et de reconnaissance. Qu’il s’agisse de mobilisations militantes, de vie associative ou de pratiques artistiques, le dialogue reste un levier d’émancipation collective. Il permet d’accueillir la diversité des voix, de co-construire et de résister aux replis identitaires.
Du 9 au 18 octobre, le Festival des Libertés vous invite à dialoguer pour de vrai. Écouter ce que l’on tait, dire ce que l’on pense, créer sans exclure, construire ce que l’on espère. Car aujourd’hui plus que jamais, dialoguer est un acte de résistance.
Je serai ravie de vous rencontrer lors d’une des nombreuses activités festivalières, que ce soit lors d’une conférence débat, devant un documentaire, en assistant à un concert ou en découvrant nos deux expositions, un verre en main…