INTERVIEW : DOMINATION PAR LES FRONTIÈRES EN MÉDITERRANÉE. L’ANTIDOTE DE LA SOLIDARITÉ.

par | BLE, Dominations, Migration

Arnaud Banos a 50 ans. Il est directeur de recherche au CNRS.[1] Parallèlement, il est sauveteur en mer bénévole à la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), pour des ONG en Méditerranée et enfin officier instructeur de réserve pour la Marine nationale, en charge de la formation des équipages au sauvetage de masse, notamment en Manche et mer du Nord. C’est en 2018 qu’il décide de se former au sauvetage et déménage au Havre. Il passe alors à l’action en participant à des missions de sauvetage de « migrants et migrantes » en Mer Méditerranée. À une semaine d’un départ en tant que chef de mission sur le Sea Eye de l’ONG Sea-Watch[2] nous le rencontrons pour discuter avec lui de son parcours, de sauvetages et d’humanité.

Julien Truddaïu (JT) : Un directeur de recherche CNRS qui devient sauveteur en mer pour secourir des migrants et des migrantes, ce n’est pas tous les jours qu’on en croise !

Arnaud Banos (AB) : La bascule pour moi s’est produite en 2016-2017. À l’époque, j’habitais à Paris avec ma famille. J’étais directeur d’unité au CNRS. Je n’avais rien à voir avec la mer. Je n’étais jamais monté sur un bateau à part un ferry. Suite à toute une succession d’événements et de réflexion, j’ai sauté le pas. J’en ai eu marre d’être un citoyen, condamné à subir toutes ces horreurs qui se passent à nos frontières, notamment maritimes, sans pouvoir rien faire si ce n’est donner un peu d’argent ou aller à des manifestations. Mais sur cette thématique, en général, les manifestations sont plutôt sporadiques et vides. Le point important pour moi a été le début de la criminalisation des sauveteurs en mer Méditerranée. Quand on a commencé à vouloir les empêcher d’y aller, sachant que c’étaient les seuls qui faisaient le job sur place. J’ai considéré que ça devenait trop et complètement contradictoire avec mes valeurs et que je ne souhaitais pas du tout cautionner ça. Donc je suis devenu sauveteur en mer à la SNSM, dans l’espoir de pouvoir aller en Méditerranée pour filer un coup de main.

JT : Y’avait-il quand même un lien avec vos thématiques de recherche au CNRS ?

AB : Absolument aucun. L’essentiel de ma carrière porte sur des aspects assez formels de la connaissance. Je fais essentiellement de la modélisation pour les sciences humaines et sociales. Les choses qui me qui mobilisent en général sont quand même plus proches de l’informatique, de l’algorithmique. J’ai bossé sur les épidémies, sur la mobilité piétonne, mais toujours sur des aspects plus formels. Par ailleurs, je n’ai jamais été engagé non plus dans quoi que ce soit. J’étais un citoyen dégagé, comme disait Pierre Desproges. En revanche, depuis que je suis impliqué dans le sauvetage, j’ai fait évoluer mes thématiques de recherche. Une partie de mon temps est liée aux questions de maritimisation des migrations en Mer du Nord. J’encadre aussi une thèse sur le sujet. De plus, je suis effectivement connecté avec d’autres collègues à l’international qui sont, comme moi, soucieux de comprendre ce qui se passe à nos frontières de façon à pouvoir suivre les évolutions et présenter les choses un peu différemment.

JT : Dans ces allers-retours entre mission de sauvetage et activités de recherche, trouvez-vous votre juste place ?

AB : Effectivement, aujourd’hui je suis beaucoup mieux dans ma peau. À l’époque, je vivais très mal cette incohérence globale, le fait de ne pas pouvoir agir, d’être complètement inutile. Mais cette incapacité à avoir un peu de prise sur le monde demeure car beaucoup de choses nous dépassent aujourd’hui, suite aux changements climatiques, dont le domaine des migrations est un gros morceau. Beaucoup des citoyens que nous sommes développent une stratégie de fuite. Nous nous protégeons en développant des arguments qui, quand ils sont déconstruits, s’avèrent complètement stériles et souvent même très stupides. Je pense que la plupart des personnes qui les formulent n’y croient même pas une seconde, car ce sont bien souvent des postures. Tout cela nous ramène à une réalité : la mort brutale, directe de femmes et d’hommes qui meurent sur l’eau, tous et toutes, seuls. J’ai considéré que tout cela n’avait aucun sens et le fait de passer à l’acte m’a permis de sortir de cette situation qui ne me correspondait plus. Mais depuis, j’ai toutefois développé d’autres ressentis. S’engager sur ces missions est très lourd psychologiquement et physiquement, car on vieillit de manière accélérée. Honnêtement, je n’ai jamais envie d’y retourner. Je suis d’ailleurs passé de deux à une seule mission par an. Je connais beaucoup de gens qui malheureusement ne font que ça. Ils et elles sont très abimés parce que plus vous êtes sur l’eau en Méditerranée, plus vous avez de chances de tomber sur des horreurs. Chaque mission est impactante, car nous plongeons vraiment au cœur de la détresse humaine. Personnellement, quand cela devient dur, j’essaie de me rappeler de cette époque où je me sentais complètement inutile, sans aucune prise sur le réel. Car quelques soient les efforts que nous fassions pour essayer de se cacher, il reste une réalité cinglante.

JT : Qu’avez-vous découvert dans ce nouveau monde inconnu de vous jusqu’ici qu’est la mer ?

AB : Pour un Terrien, la vie en mer reste compliquée. J’ai découvert le monde maritime. Derrière le terme générique de « marin », il y a une très grande diversité de profils. Par exemple, beaucoup de personnes ne sont plus de « vrais » marins parce qu’ils ne veulent plus aller en mer. Parce que ça use. C’est un mode de vie très particulier, très répétitif. Une fois sur l’eau, la vie est basée sur des rituels permanents avec les mêmes activités au cours de la journée, les mêmes entraînements, quasiment les mêmes discussions. Pendant toute la journée, les marins sortent de leur cabine, vont manger, retournent dans leur cabine se brosser les dents. Ils montent en passerelle, ils font leur quart et redescendent. Puis, ils font le même chemin en sens inverse. Tout cela pendant un mois. Ce sont des choses assez étonnantes. J’ai découvert aussi l’existence d’une hiérarchie sociale assez féroce, quelles que soient les origines des gens. Le monde de la marine reste un monde très structuré en termes de chaîne de commandement et, aussi, socialement. Sur un bateau, l’environnement est extrêmement hostile et ce n’est pas un lieu où la démocratie s’exprime. On dit d’ailleurs souvent que le capitaine ou le commandant sont seuls maîtres à bord après Dieu. Quand il y a des difficultés sérieuses, il faut vraiment se référer à une autorité sans discuter, en agissant. Il faut beaucoup d’entraînement et avoir une chaîne de commandement qui soit efficace. Tout cela, ce n’est pas la partie que je préfère mais c’est un vrai challenge aussi, de pouvoir gérer personnellement tout cela. D’un autre côté, le monde du sauvetage est encore un domaine différent. La plupart des gens du monde maritime n’ont aucune idée de ce que c’est qu’un sauvetage en mer. La plupart des marines militaires du monde n’ont aucune formation spécifique en la matière, alors que c’est un domaine qui est extrêmement technique et très pointu. C’est un exercice périlleux où il faut être performant, avec de bons équipements et des personnes entraînées. J’ai découvert cela en intégrant la Marine nationale et en formant l’essentiel des gardes côtes en Manche et mer du Nord, des gens qui passent leur vie sur l’eau, des professionnels de la mer qui sont par ailleurs très compétents dans leur domaine. Traditionnellement, il y a toujours eu une solidarité entre les gens de la mer. Mais je ne la vois pas beaucoup concernant les migrants qui traversent. Toute la flotte de la marine marchande qui continue à passer à proximité ne s’arrête jamais pour effectuer des sauvetages humains. Les représentations liées à la mer sont très romantiques. La plupart de ces récits fascinant qui racontent des naufrages, ancrés dans l’imaginaire populaire, sont assez loin de la réalité. Pratiquer le sauvetage amène à s’éloigner de cet aspect romancé. Nos missions sont vraiment dures psychologiquement et physiquement. Tout cela est compensé par la très grande solidarité des sauveteurs et sauveteuses entre eux et elles. En France, comme dans beaucoup de pays européens, le sauvetage est largement bénévole. Les gens qui s’impliquent le font avec de vraies motivations. Les missions sont un exercice de remise en cause personnelle. Il faut tout le temps avancer, être assez pointu techniquement et en forme. Sans quoi, c’est difficile. En France, le sauvetage traditionnel est très bien organisé : si un baigneur manque à l’appel, une grosse opération peut être déclenchée avec des hélicoptères, des bateaux et tout le monde converge et cherche toute la nuit s’il le faut. Les conventions sont donc appliquées à la lettre sur les façades maritimes françaises et les moyens sont là. Mais dès que l’on sort de ce cadre, il n’y a plus grand chose. C’est ce que nous voyons en Méditerranée centrale, par exemple. Ce ne sont pas quelques personnes, mais des centaines, voire des milliers, qui sont littéralement laissées en mer, livrées à elles-mêmes, abandonnées face aux éléments, mais aussi face à la violence des gardes côtes, notamment libyens. En sachant que la Libye n’est officiellement toujours pas un port sûr pour l’Union européenne : nous n’avons pas le droit d’y débarquer. Pour autant, l’Europe paie des gardes côtes libyens pour qu’ils ramènent des gens en Libye. C’est une bataille contre une violence, créée de toutes pièces par les sociétés, qui s’exprime sur l’eau : des gens meurent pour des raisons qui sont toutes plus absurdes les unes que les autres.

JT : La criminalisation des actions de sauvetage, associer les sauveteurs et sauveteuses aux passeurs, est à la base un argument énoncé par l’extrême droite. Ces dernières années, ce discours est intégré par d’autres politiques, a priori plus fréquentables. Que pensez-vous de ce phénomène ?

AB : Effectivement, en 2016, quand la criminalisation a commencé, les Grecs, puis les Italiens étaient en première ligne de la crise migratoire. Les ONG, la société civile, étaient très présentes sur leur territoire.  Relativement indépendantes, elles ont rapidement dénoncé les nombreuses violations des Droits constatées en mer. Les gouvernements ont donc cherché à se débarrasser des ONG. En France, c’est Manuel Valls[3] qui est l’un des premiers à avoir sorti cette bêtise. Dans mes activités de chercheur et auprès de la Marine nationale, je constate que ce discours-là est très courant au sein des agents de l’État. C’est une espèce d’habitude qui rassure. Par exemple, les préfets terrestres répètent beaucoup ce genre de choses et lorsqu’on essaie de comprendre d’où vient cette information, nous observons qu’ils n’en ont aucune idée. Ils n’ont aucune connaissance du dossier et ne savent pas du tout de quoi ils parlent. Ils ne connaissent, par exemple, même pas le nombre approximatif de personnes qui traversent chaque année nos frontières. Cependant, ils sont capables de répéter comme des perroquets ces leitmotivs. Lorsqu’ils sont à court d’argument, ils vous diront « qu’il n’y a pas de fumée sans feu ». Nous sommes vraiment dans quelque chose qui relève de la croyance. Nombre de personnes travaillent aussi sur la base de points fixes, idéologiques, où ce qui compte n’est pas tellement de chercher à comprendre ou d’approcher une vérité, mais plutôt de se positionner par rapport à un camp et d’adopter des habitudes de langage sans trop se poser de questions. Tout cela met la démocratie en danger : des gens qui réfléchissent aussi peu et qui sont aussi biaisés à toutes les échelles de l’État. Car ce n’est pas le rôle des agents de l’État d’avoir ce prisme idéologique. Ce mouvement de criminalisation m’a poussé à devenir sauveteur. En 2015, un million de personnes ont traversé la Méditerranée. Tout le monde ou presque est allé sur l’eau pour les sauver, des marins jusqu’aux garçons de café qui ont littéralement jeté leur tablier pour aller en Grèce ou à Lampedusa sauver des gens. Puis, en 2016, beaucoup se sont rendu compte que l’on n’en verrait pas le bout. Les personnes volontaires étaient épuisées. Toutes les personnes sauvées étaient entassées en Italie. En Grèce également, cela n’était pas mieux car la plupart des pays européens refusaient de les prendre en charge, quelques soient les conventions européennes signées par ailleurs. La montée de l’extrême droite en Italie et en Grèce a donc été créée de toute pièce. Nous en sommes complètement responsables. Face à tout cela, le réflexe de la plupart de nos sociétés tient systématiquement de la lâcheté et de la facilité et à dire « finalement ces gens qui traversent, est ce que nous sommes vraiment obligés de les sauver ? » ou « Ce n’est pas aussi grave, ils ne sont pas tellement en danger s’ils traversent tous. » Nous avons entendu ce genre de rhétorique et ces sophismes qui ne s’appliquent d’ailleurs pas à nos propres concitoyens : pourquoi irait-on chercher le couillon qui est parti se baigner tout seul alors qu’il n’aurait pas dû ? Pourquoi le fait-on pour eux ? Parce qu’ils paient des impôts ? Parce qu’ils sont blancs ? Ces discours m’ont poussé à agir. À la base, le débat migratoire nous concerne tous directement. Mais il est pris en otage par une classe politique qui est terriblement médiocre sur le sujet et qui verrouille tout développement. Je pense qu’il y a des principes de base comme celui qu’on ne laisse pas quelqu’un mourir. Je fais partie de ceux qui soutiennent l’idée d’une convention citoyenne sur le sujet, éclairée par des points de vue différents, mais basés sur des faits et des analyses afin d’arrêter de tourner en boucle les mêmes âneries. Je pense que les peuples sont capables de s’autodéterminer pour définir leur sécurité, leur stratégie les uns par rapport aux autres. Beaucoup ne savent pas du tout ce qu’il se passe. Quand je témoigne de ce que nous faisons, les gens en ressortent complètement hallucinés. En sortant les ONG de Méditerranée et de manière générale de nos frontières, les gouvernements créent des zones de trous noirs. On invisibilise ainsi complètement la problématique. Plus personne n’est au courant de ce qui se passe, ce qui est beaucoup plus avantageux pour mettre en place des politiques dures avec un coût humain important. Nous ne sommes pas là uniquement pour sauver les vies humaines en mer. Mais aussi pour témoigner, pour documenter. Nous filmons tout ce que nous faisons, car les ONG jouent le jeu de la transparence et du respect des lois. En Méditerranée, elles sont les seules à le faire, l’immense majorité des acteurs cherchent à contourner la loi. La société civile à ça de merveilleux qu’elle est extrêmement adaptative, flexible et puis résiliente et tenace. La criminalisation a pris une nouvelle forme en 2017. Les gouvernements grecs et italiens ont individualisé le mouvement en assignant personnellement des capitaines ou des responsables de missions, comme ça a été le cas pour Kathrin Schmidt[4] ou Carola Rackete.[5] Ils et elles sont coupables de chefs d’accusation très lourds. Pendant les procédures qui sont très longues, les accusés ne peuvent plus exercer en mer. Leurs vies sont largement mises entre parenthèses. Tout cela pour qu’au final, ces procès ne débouchent pas sur grand-chose car les charges sont très légères, les dossiers très mal ficelés. Cela pose aussi un très gros problème démocratique. L’Italie et la Grèce ont depuis changé leur fusil d’épaule en 2020, en décidant de virer purement et simplement les ONG de leur territoire. Nous sommes actuellement plutôt sur un mode opératoire qui s’apparente à du harcèlement administratif et qui, aujourd’hui d’ailleurs, dans le gouvernement de Meloni, est complètement explicite et délibéré. Il vise à pénaliser les ONG pour les empêcher de repartir et rendre leurs conditions d’exercice beaucoup plus difficiles, notamment en les frappant au portefeuille.

JT : L’essayiste et ancien vice-président du comité consultatif des Droits de l’Homme à l’ONU Jean Ziegler est l’auteur d’un rapport sur ce qu’il se passe en méditerranée.[6] Il a pour habitude de rappeler cette phrase d’Emmanuel Kant « l’inhumanité infligée à un autre détruit l’humanité en moi ». Est-ce qu’au fond, ce n’est pas ça l’espoir qui nous reste, compter sur les consciences personnelles et collectives ?

AB : Effectivement, lorsque j’ai décidé de m’engager, je me rendais compte que je devenais inhumain et qu’on essayait de me transformer en quelqu’un d’insensible en infligeant ces traitements à d’autres. Il ne me restait que mon vote ou mon silence. Heureusement, nous avons des gens qui se rebellent et qui redressent la tête courageusement. Mais, pour autant, je ne retire absolument aucune gloire ou aucune satisfaction de ces sauvetages. Lorsque je suis arrivé pour ma première mission en 2019, à Lesbos, j’ai découvert de nombreux jeunes parmi les sauveteurs, dont certains étaient là depuis 2015. C’étaient des gamins et des gamines qui avaient la vingtaine, qui avaient tout abandonné, littéralement pour venir sauver des gens. Ils et elles n’avaient aucune formation particulière, mais ils et elles avaient sauvé des milliers de vies. Pour moi ça a été une très grosse claque. J’ai découvert que j’avais fermé les yeux pendant très longtemps (j’avais presque 45 ans à l’époque). Je pense que nous devons nous poser la question de faire ce qui est juste. Quand nous parlons de la vie humaine, de la dignité humaine, de la survie, je pense qu’il faut vraiment que nous revoyions ces bases. Lors de mes missions, à aucun moment, je suis dans la satisfaction de ce que j’accomplis. Je me demande encore pourquoi j’ai attendu si longtemps avant de franchir le cap et passer à l’action. Cette question de l’inhumanité se retrouve aussi dans la condition des gardes côte à qui l’on donne l’ordre quotidien d’empêcher les gens de traverser, en usant de la violence. J’ai vu aussi cela en 2019 : des comportements d’hyperviolence chez les gardes côtes turques et grecs. On déshumanise littéralement ces gens-là et on les détruit complètement. On en fait des tortionnaires. Je suis intimement persuadé qu’au bout de quelques années, ces gens sont littéralement détruits individuellement et socialement. Dans tous les opérateurs de l’État impliqués sur le sujet, je constate que ce sont rarement celles et ceux qui prennent les décisions qui en paient le prix. Eux et elles vivent souvent grassement, éloignés de toute forme d’agression, dans leur bulle, en gardant une vision tout à fait théorique de toutes ces problématiques. À bien y regarder, finalement, il y a toujours eu des gens qui agissaient là où une majorité ne faisait rien. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, par exemple, on les appelait les « Justes ». Je pense que chacun d’entre nous peut essayer de se poser la question : est-ce que vraiment j’aurais fait partie des Justes ou de la majorité des gens qui ont laissé faire, voire pire ? Mon parcours montre très clairement que si j’avais dû attendre d’avoir 45 ans pendant la Deuxième Guerre mondiale pour agir, on y serait encore. Alors autant amener d’autres personnes à se poser ces questions le plus tôt possible.


[1] Centre national de la recherche scientifique.

[2] ONG allemande, elle intervient en mer Méditerranée dans des opération de sauvetage à l’aide de bateaux et d’avions.

[3] Manuel Valls a été ministre de l’Intérieur français de mai 2012 à mars 2014 et Premier Ministre de mars 2014 à décembre 2016.

[4] Cheffe de mission à bord du Luventa, bateau mis à l’arrêt par les autorités italiennes depuis aout 2017. Accusée de trafic d’être humain, elle risque jusqu’à vingt ans de prison.

[5] Capitaine de navire, elle force le blocus italien ne permettant pas à son bateau et aux réfugiés venant d’être sauvés d’accoster. Elle est arrêtée et accusée d’aide à l’immigration clandestine. En décembre 2021, un tribunal annule toutes les charges retenues contre elle.

[6] Jean ZIEGLER, Lesbos, la Honte de l’Europe, Seuil Points Documents, 2021.

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