L’omniprésence de la notation des biens, des services, mais aussi des personnes n’est pas un phénomène nouveau. Qu’il s’agisse des hôtels, des restaurants étoilés, des cotes attribuées aux personnalités publiques pour déterminer leur valeur publicitaire ou encore de la cote déterminant le prix des œuvres des artistes visuels, la quantification de la « valeur » des prestations et des services est partout.

Or, cela bouleverse les relations humaines et tout humaniste devrait y réfléchir. C’est ce que ce numéro du Bruxelles Laïque Echos propose. Un moment d’arrêt, qui plus est, pendant les vacances estivales, sur la notation à tout va. Le serveur qui vous apporte peut-être un verre en ce moment, si vous êtes attablés pour nous lire, est-il conditionné par le fait que vous allez noter l’établissement et donc son service ?

La notation est un sujet vaste, avec de multiples ramifications, et il serait prétentieux de croire que nous pourrions l’épuiser en un seul numéro. Cela dit, les articles qui suivent explorent la question en détail dans leurs domaines respectifs, qu’il s’agisse du monde du travail, du monde académique, ou encore de l’emprise des chiffres et de l’empire de la notation des plateformes numériques.

Il est également incontournable d’aborder le sujet de la culture. L’interview réalisé avec un critique de cinéma permet de mettre un coup de projecteur sur les rouages d’une industrie qui carbure aux cotes et aux critiques pour attirer du public en salle. Cela permet au lecteur de comprendre, de l’intérieur, l’ambivalence qui existe face à l’importance de la notation dans un milieu qui se laisse difficilement réduire à une quantification de la qualité des œuvres.

Et c’est aussi l’occasion d’aborder la politique sous un angle original. À ce propos, on peut en apprendre davantage sur la genèse et la pratique du système de notation de crédit social en Chine. Il est fort instructif d’avoir un portrait nuancé sur les motivations derrière la création de ce système, ainsi que sur sa mise en œuvre. Cette édition se termine ensuite avec un article sur l’évaluation de la gouvernance politique. Celui-ci aborde également les motivations philosophiques derrière certains outils d’évaluation des gouvernements. Le lecteur peut ainsi se faire une idée de la place de la Belgique aujourd’hui.

En somme, nous espérons vous donner l’occasion de réfléchir sur l’emprise de la tentation de tout noter, coter et évaluer pour prendre la distance nécessaire à la remise au centre de l’humain et de ses vrais besoins. Nous vous souhaitons donc un été riche en prises de conscience face aux mécanismes qui s’immiscent, parfois insidieusement, dans tous les aspects de nos vies.

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