En ces temps troubles où nos habitudes sont profondément bouleversées, nous avons l’occasion de ralentir le rythme, de lire et de réfléchir sur notre mode de vie et sur nos habitudes. Cette crise sanitaire peut nous amener à passer (encore) plus de temps sur les réseaux sociaux, là où nous pouvons observer autant les expressions de solidarité, les réflexions, les témoignages sur la situation que des dérives, propagations de fake news et affabulations de tous genres.
Ce numéro du BLE propose d’aborder les changements entraînés par les réseaux sociaux depuis une quinzaine d’années. Ceux-ci ont bouleversé nos habitudes dans toute une série de situations, allant des catastrophes naturelles à la crise sanitaire actuelle, en passant par nos manières de réagir à des événements tragiques comme les attentats terroristes de 2015 et 2016.
Les réseaux sociaux modifient d’abord notre rapport à nous-mêmes, avec cette pratique devenue aussi courante que banale qu’est le selfie. Que penser de ce phénomène ? Que révèle-t-il sur nos processus de construction individuelle, nos enjeux identitaires et notre condition humaine ?
Les secteurs associatif et culturel se posent également des questions sur l’utilisation des réseaux sociaux. Il y a toujours une ambigüité, du moins ressentie par certains acteurs, à être sur ces réseaux et à participer à leur modus operandi, dont les principes et les pratiques sont souvent radicalement opposés aux leurs. Quelle est la nature du rapport entre les réseaux sociaux et la militance ou l’engagement civique de manière plus large ?
La sphère politique n’a pas été épargnée par les réseaux sociaux non plus. Ceux-ci sont devenus des sources d’information ou de désinformation cruciales, allant même, dans certains cas, jusqu’à exercer une influence sur nos processus démocratiques. Cette influence est évidemment à questionner, tout comme l’est le pouvoir des géants du numérique de manière générale. Ces derniers transcendent les frontières et semblent échapper à toute forme de contrôle démocratique, malgré la quantité pharaonique d’informations qu’ils récoltent sur leurs usagers. On peut affirmer que les réseaux sociaux modifient notre rapport à nous-mêmes et co-déterminent le cours de la globalisation avec les structures politiques et économiques traditionnelles. Impossible d’en faire abstraction.
Pour toutes ces raisons, notre vigilance face à ces plateformes doit s’exercer. Nous devons décortiquer leur fonctionnement et leurs conséquences, au moyen du libre-examen et des valeurs humanistes qui sont les nôtres. Il ne s’agit pas ici de trancher sur la pertinence des réseaux sociaux, mais plutôt d’approfondir notre connaissance de nous-mêmes et des nouvelles dynamiques dans lesquelles nous sommes imbriqués, parfois même malgré nous.
Nous vous souhaitons de la sérénité en cette période de bouleversements, de tensions et d’incertitudes sur l’avenir. Restez prudents, tant pour vous-mêmes que pour les autres.
Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ne voient la nécessité que dans la crise. Jean Monnet