Voilà déjà venu le moment de vous annoncer la quinzième édition du Festival des Libertés !

Du 22 au 31 octobre : dix jours de cinéma, de débat, de musique, de théâtre et de photo. Dix jours de laïcité et de liberté, de réflexivité et de créativité, d’indignations et d’émerveillements. Une formule désormais bien connue qui n’en finit pas de faire ses preuves et de manifester sa pertinence.

Notre festival révèle toujours plus son utilité publique dans une époque en crise, un monde à bout de souffle et une société déchirée. La défense des libertés, la pratique de la démocratie et la promotion des solidarités sont des espèces ou des espaces menacés. Les aspirations au changement ont plus que jamais besoin de s’exprimer, de se rencontrer, de se discuter et de se renforcer.

Pour ce faire, elles doivent aussi se confronter aux autres et à la réalité. Tel sera le fil conducteur de cette édition du festival : la confrontation des idées, des libertés et des mondes. Il s’agit pour nous d’abord de réaffirmer notre approche de la laïcité comme un espace de coexistence pacifique et de débat contradictoire mais constructif entre les différentes composantes de la société. Nous voulons rappeler par la même occasion que le refus de la confrontation, c’est la voie toute tracée vers la monopolisation de la vérité ou la pensée unique, donc l’antipode du libre examen. Le libre examen, n’est-ce pas aussi bien la confrontation des idées entre elles que la confrontation de la pensée aux faits ?

Il nous semble impératif de retrouver ou de créer des espaces de confrontation sereine, permettant aux différences de s’entendre pour coexister, s’harmoniser, s’articuler ou se dépasser. Ces espaces nous paraissent primordiaux pour parer quatre écueils qui menacent notre vivre ensemble.

Tout d’abord, oser la confrontation est une manière de résister à la tendance à l’uniformisation de la société qu’interrogeait déjà notre festival en 2010. Ensuite, il s’agit de promouvoir le rapport à l’altérité dans une société qui en a peur et se morcelle en niches étanches où chaque groupe s’enferme sans plus communiquer avec les autres. Troisièmement, il nous tient à cœur d’opposer cette pratique de la confrontation aux faux débats auxquels nous assistons dans nombre d’émissions télévisées ou de joutes électorales où la polémique cherche à faire sensation, ou l’on se querelle sur des détails ou des attaques ad hominem au détriment de l’argumentation, où l’on cherche avant tout à discréditer l’autre. Ce qui nous amène au quatrième écueil, le plus inquiétant : lorsque le dialogue est piégé ou la confrontation empêchée, le rapport à l’autre qui ne pense pas comme moi se réduit à une volonté de l’éliminer. Et ce, du Rwanda jusqu’au Musée juif de Bruxelles.

Mais pour qu’une confrontation soit fructueuse, il faut évidemment qu’elle ne soit pas tronquée par des rapports de domination non reconnus, que tout le monde soit d’accord sur son objet et son enjeu, que la volonté de confrontation soit partagée, que chacun soit capable de se remettre en question et reconnaisse à l’autre sa capacité de penser… Et ça, ce n’est pas gagné !

Nous gageons cependant que vous serez dans de telles dispositions lorsque vous viendrez réfléchir et vous amuser avec nous tout au long de ces dix jours. D’ici là, je vous invite à lire les analyses qui suivent et qui s’exposeront aux riches débats du festival.

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