Aussi bien chez ses défenseurs que chez ses détracteurs, le système économique capitaliste a tendance à être présenté comme une superpuissance autonome, omnipotente, réservée à une petite caste d’initiés mais inaccessible à l’action du reste de la société. Tout humaniste concerné par le sort des laissés-pour-compte se doit de réfléchir aux discours déconnectés des réalités sociales. Or, n’assistons-nous pas aujourd’hui à la réification de l’économie ? Nous avons néanmoins l’impression que les théories servant à justifier les inégalités croissantes continuent d’évoluer à travers des effets de langages qui voudraient nous faire croire que le néo-libéralisme porte en lui une dimension providentielle. Les économistes et analystes du monde de la finance qui nous enjoignent de croire en des forces invisibles de la soi-disant “loi du marché” semblent parfois se poser comme de nouveaux prophètes. Mais sont-ils encore écoutés et crédibles car jamais autant de gens n’ont manifesté leur ras-le-bol face à une élite incapable de démontrer les bienfaits réels des politiques menées au nom de l’ouverture et de l’intégration globalisée. Il devient parfois difficile de faire la part des choses. Ce numéro du BLE propose de critiquer les discours simplificateurs qui nous amènent à faire une profession de foi envers le marché et la mondialisation, au détriment de notre capacité à penser le monde et à permettre à la société civile d’exercer réellement son pouvoir. Nous proposons des analyses qui, chacune à leur manière, interrogent le discours du tout-à-la-finance en se penchant tantôt sur ses prémisses, tantôt sur ses conclusions, mais toujours en gardant à l’esprit ses effets sur nos libertés. Notre objectif général est de jeter une lumière nouvelle sur l’opacité des concepts de l’économie dite classique dans le but de clarifier leurs significations et leurs usages, tout en présentant des idées et des initiatives alternatives. Les premiers articles s’attardent à l’effet d’entonnoir que tend à produire le discours néolibéral dominant, nous amenant dans un cul- de-sac intellectuel et nous empêchant de penser l’économie comme une science humaine. Chacun à leur manière, ils offrent un contre- argument aux fameux there is no alternative popularisé par Margaret Thatcher dans les années 1980. Suivent des articles sur le phénomène de la dette, sa gestion politique, ses effets sur le système bancaire et sa portée dans les relations internationales. Nous présentons ensuite des textes sur des initiatives locales d’habilitation (empowerment) comme les mécanismes de budgets communaux participatifs, la grève des employés du secteur de la santé, ainsi que la création d’une monnaie locale bruxelloise en 2019. Pour terminer, nous proposons un compte-rendu du dernier ouvrage de Thomas Piketty qui s’intéresse à l’évolution des idéologies justifiant les inégalités sociales et qui offre des pistes de réflexion pour dépasser l’institution de la propriété privée, dans la perspective de construire une autre mondialisation. Nous espérons apporter un éclairage humaniste sur des questions trop souvent posées de manière à susciter des réactions émotives plutôt que raisonnées et propices au débat serein. Nous souhaitons sincèrement que les analyses présentées ici vous permettront de porter un regard nouveau sur les justifications des politiques économiques, sur les inégalités et la redistribution réelle des richesses. Que cette édition du BLE vous permette d’aborder sereinement les discussions qui animeront vos fêtes de fin d’année et que 2020 nous apporte le changement !
INTERVIEW : LE MANAGER PÉNITENTIAIRE UN SOUS-CAPITAINE QUI A LE MAL DE MER
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Entretien avec Marc Dizier, directeur de prison et membre de l’association francophone des directeurs de prison....