Le thème du prochain Festival des Libertés, le Complexe du Pouvoir, est vaste et se retrouve au cœur de nos préoccupations récurrentes.
On ne saurait faire l’économie d’une réflexion sur le concept du pouvoir, ses modalités, sa légitimité, ses limites, ses abus, ses potentialités émancipatrices.
Le Festival des Libertés propose d’interroger les diverses formes sous lesquelles s’exerce le pouvoir avec la méthode libre-exaministe qui caractérise la rigueur intellectuelle de la laïcité organisée.
Le climat politique actuel donne l’impression que l’état de nos libertés est à la croisée des chemins. D’un côté, on voit les revendications et avancées démocratiques se multiplier : la place des femmes dans les postes d’influence, la dépénalisation de l’IVG, la lutte contre l’obsolescence programmée, l’inscription du droit à un environnement sain dans les droits politiquement garantis, etc. De l’autre côté, on assiste à un resserrement sécuritaire, à l’émergence des algorithmes et de la gestion dépersonnalisée via l’intelligence artificielle, la précarisation des travailleurs et des plus vulnérables, une prétendue crise migratoire. Bref, on a l’impression que l’état de crise devient permanent. Face à cette situation complexe, il importe d’apporter des nuances afin d’éclairer et, dans la mesure du possible, d’apaiser le débat public.
C’est pourquoi, fidèle à ses valeurs et ses engagements, Bruxelles Laïque agit pour l’entretien et la diffusion d’une culture civique laïque et partagée, basée sur la vigilance envers les différentes formes de pouvoir et leurs exercices. La polarisation excessive des opinions appelle à un retour au dialogue, aux événements où les personnes se retrouvent pour s’informer, pour débattre, pour partager.
La culture d’un humanisme visant à orienter et cadrer le pouvoir est aujourd’hui plus importante que jamais. Le propre des pouvoirs serait-il de chercher à s’émanciper du contrôle populaire, et le propre des citoyens assujettis à ce pouvoir de chercher à échapper aux contraintes qui conditionnent leur liberté ? Pour que cette tension puisse se maintenir sainement et garantir les possibilités émancipatrices du pouvoir pour tous, nous devons nous faire entendre et ne pas abandonner le pouvoir à ceux qui prétendent qu’ils en sont les détenteurs naturels et qu’il serait vain de croire que des alternatives existent.
Le fait de cultiver un tel humanisme civique n’est pas un processus austère ou de repli sur soi. Cela peut, et doit, se faire dans un contexte collectif, en allant à la rencontre de nos concitoyens, comme en témoigne annuellement le Festival Des Libertés. Ce numéro du Bruxelles Laïque Echos a donc pour objectif de préparer notre rendez-vous annuel au Festival des Libertés, qui se déroulera du 18 au 27 octobre prochain, au Théâtre National. Au plaisir de vous y rencontrer et d’échanger avec vous.