L’enseignement est depuis longtemps un des sujets sur lesquels la laïcité organisée tient une position univoque. Nous sommes en faveur d’un accès gratuit à une école neutre et émancipatrice pour tous les enfants. Ceci s’inscrit dans la défense d’un projet de société égalitaire et démocratique, où le principe d’égalité des chances s’incarne à travers des institutions, à commencer par l’enseignement public. Or, l’histoire et l’évolution sociale de la Belgique font que nous en sommes malheureusement encore loin. En effet, notre système scolaire reflète davantage les compromis politiques complexes, à l’image de la société dans son ensemble, plutôt qu’un espace immunisé de la partisanerie et du marchandage.

Ce numéro du Bruxelles Laïque Echos interroge l’école en tant qu’institution, trop souvent prise pour acquise, que d’aucuns voient comme étant le socle d’une démocratie bien portante. Les réformes successives et les bouleversements technologiques pointent dans la direction d’une course à la compétitivité, ce qui entraîne d’importantes réactions syndicales. L’école ne devrait-elle pas échapper à cette logique ? Nous croyons fermement que l’école devrait former des citoyens capables de faire preuve d’esprit critique et non, simplement, une main-d’œuvre au service d’une économie dominée par des intérêts privés.

Les articles qui composent ce numéro posent le diagnostic d’un enseignement caractérisé par une gestion et des politiques difficiles à saisir. Pour rendre cela accessible, un article décortique la complexité de notre système scolaire. Puis, un deuxième offre une analyse critique des orientations avancées par le nouvel exécutif en place. Une nouvelle rubrique apparaît également, sous la forme d’une interview croisée, où deux personnalités d’opinions divergentes se rencontrent pour dialoguer. Pour cette première, c’est l’épineuse question de la place des religions à l’école qui est mise en débat.  Les thématiques chères à la laïcité sont aussi abordées, à travers une interview au sujet de l’éducation à la pensée critique dans les cours de philosophie, mais aussi un article qui interroge sur la pérennité du principe de gratuité scolaire. Nous vous proposons ensuite le portrait d’une directrice d’école qui incarne un engagement humaniste envers la jeunesse, puisqu’il est important de proposer des solutions et, pas seulement, de dresser des constats convenus. Finalement, une analyse sociologique de l’enseignement se retrouve, d’une part, dans un Livre-Examen consacré aux banlieues françaises où les clichés règnent, et, d’autre part, dans une interview centrée sur Bruxelles, comme lieu de révélation de tensions sociales.

Voici donc des analyses variées qui se veulent l’occasion d’exprimer les convictions profondes qui nous habitent, tout en proposant divers diagnostics permettant à chacune et chacun de se forger une opinion.

Nous vous souhaitons des vacances estivales à la hauteur des enjeux qui nous attendent lors de la prochaine rentrée scolaire. Que ce soit l’occasion d’en profiter avec les petits et les grands qui vous entourent, sans qui nos combats n’auraient pas la même signification.  

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