REMETTRE LA LAÏCITÉ AU MILIEU DE LA CITÉ

par | BLE, Habiter La(ï)Cité, Laïcité

L’expression « remettre l’Église au milieu du village » signifie généralement remettre au centre de la discussion les valeurs et acceptions communes autour desquelles il est possible de se rassembler, plutôt que de s’égarer dans des extrêmes. Serait-il possible d’arriver à dégager une acception univoque et partagée de ce que pourrait signifier « remettre la laïcité au milieu de la Cité » ?

Cette analyse propose de questionner la relation entre le principe de laïcité, sur lequel nous réfléchissons au passage, et l’organisation sociale et urbanistique de nos villes d’aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’une prise de position, ni encore moins d’un plaidoyer quelconque, mais plutôt d’alimenter la réflexion philosophique sur la laïcité en tant que principe de gestion démocratique du pluralisme, dans le contexte hétéroclite des agglomérations urbaines, comme Bruxelles.

Interroger la place de la laïcité dans l’espace public, ce n’est pas seulement une question d’organisation sociale et d’espace urbain. C’est, plus largement, interroger les modalités de la gestion démocratique du pluralisme des croyances, c’est-à-dire l’organisation politique du temporel, avec ses institutions et les obligations (positives et négatives) qui incombent aux pouvoirs publics. Mais c’est aussi, à la fois, interroger la place des religions et, de manière plus générale, de l’expression du pluralisme des croyances des citoyennes et des citoyens qui composent la matière sociale hétéroclite dont la Cité est faite. C’est à cette matière qu’il s’agit de donner une forme, une constitution politique, qui puisse s’incarner concrètement à travers des normes, des pratiques et des espaces qui permettent une égalité de traitement de toutes et tous face à la loi, mais aussi une reconnaissance mutuelle dans la citoyenneté, en civilisant les antagonismes philosophiques et leurs incarnations politiques.

Que signifie remettre la laïcité au milieu de la Cité ? Comment penser le vivre-ensemble dans une ville – ou une Région – aussi diversifiée que Bruxelles ? Pour explorer des pistes de réponses à ces questions, nous débuterons par un bref rappel sur le principe de laïcité. Ce sera l’occasion de souligner, encore une fois, que la laïcité politique ne s’oppose en rien à la présence des religions ou du spirituel dans la société, au contraire. Ensuite, nous nous nous intéresserons à l’espace public et, plus largement, à la démocratisation de celui-ci, ainsi que des droits et libertés découlant de la citoyenneté. Puis, nous tenterons une synthèse afin d’esquisser une définition de ce que peut signifier « remettre la laïcité au milieu de la Cité ».

LAÏCITÉ : LE CIVISME DANS LA CITÉ

On définit souvent la laïcité comme un principe « politique », stipulant la séparation du temporel et de l’intemporel. Le Centre d’Action Laïque la définit ainsi : « La laïcité est le principe humaniste qui fonde le régime des libertés et des droits humains sur l’impartialité du pouvoir civil démocratique dégagé de toute ingérence religieuse. Il oblige l’État de droit à assurer l’égalité, la solidarité et l’émancipation des citoyens par la diffusion des savoirs et l’exercice du libre examen ».[1] Entendue en ce sens, la laïcité est un principe pré-politique, puisqu’elle « fonde » le régime politique démocratique des droits et libertés. Ainsi, la laïcité est un concept métapolitique, elle circonscrit la sphère du politique elle-même. Elle s’inscrirait en quelque sorte, à l’image du contrat moral chez Rousseau, au fondement-même de la volonté de former un peuple, une nation, une communauté politique.[2] Elle vient, toujours selon cette même interprétation, donner une substance à la conception de la citoyenneté qui fonde le régime démocratique des droits et libertés, en affirmant l’universelle égalité des êtres humains et des droits fondamentaux. Cette conception apparaît déjà, du moins implicitement, chez celles et ceux qui voudraient que la laïcité soit inscrite dans la Constitution belge à travers la création d’un préambule, lequel pourrait être affiché dans toutes les administrations et les écoles. Et ce, comme pour affirmer qu’au fondement même de la vie démocratique, se trouve une « volonté générale » affirmant l’impartialité des pouvoirs publics et l’importance de la citoyenneté – t des droits et libertés de toutes et tous plus généralement, comprise comme une réelle volonté de faire corps – et non seulement de coexister sans partager de culture civique commune.

Outre les obligations négatives qui en découlent, à savoir ne pas intervenir dans les religions et systèmes de croyances morales et n’en privilégier aucun, la laïcité organisée insiste également sur les obligations positives de l’État. Il s’agit d’assurer, à travers la loi, l’égalité des personnes, d’organiser les solidarités, par des mécanismes de coopération sociales justes, ainsi que l’éducation et la transmission des savoirs nécessaires à l’émancipation de toutes et tous. Ce qui est commun à ces obligations, c’est une cohérence dans la conception de l’État et de son rôle de garant des bases légales et des moyens effectifs pour assurer une citoyenneté qui soit ancrée dans une culture civique engagée et engageante, afin de ne pas réduire la citoyenneté au simple fait de payer ses impôts et d’acquitter son obligation de voter lors des élections. En d’autres termes, la laïcité est un principe civique qui permet de dépasser les apories du libéralisme philosophique dominant en donnant une place importante à une culture civique partagée, dans laquelle l’appartenance à la Cité, à la communauté politique, peut et doit se penser dans un équilibre entre droits individuels et droits collectifs d’auto-détermination.

AU-DELÀ DE LA DÉMOCRATIE : LA DÉMOCRATISATION

Pour que la laïcité et son objectif de démocratisation du statut de civitas (en droit romain), de citoyenneté, puissent s’incarner dans la Cité, cela nécessite des modalités civiques concrètes… sans toutefois circonscrire de façon trop étroite les droits et libertés des individus. Il s’agit plutôt d’une sorte d’équilibre minimal, puisque celui-ci doit permettre une véritable vie démocratique ouverte sur un champ de possibles et d’opportunités que l’on souhaite le plus vaste. Au sens noble, la laïcité doit donc s’inscrire comme un principe éthique fondateur de la citoyenneté. Mais qu’est-ce que cela peut vouloir dire concrètement et qu’est-ce que cela implique pour l’État, lui qui est chargé d’organiser les solidarités et les modalités de la gestion démocratique du pluralisme ?

Si autrefois les villages et les villes étaient organisés autour de la vie spirituelle, d’où l’expression « remettre l’Église au milieu du village », les villes contemporaines et le développement de l’urbanisme se sont graduellement organisés, pour leur part, autour d’un processus de laïcisation. « Ainsi, alors que la ville pouvait auparavant être structurée autour de l’église centrale, elle l’est désormais autour de lieux aux symboles davantage rassembleurs, comme l’ancienne « agora » aujourd’hui retrouvée, ces lieux où se rencontre la société civile et où chacun peut exprimer sa citoyenneté (…) La ville est devenue laïque, à un moment où les urbains ont souhaité la retrouver et l’on peut espérer qu’elle-même devienne un symbole spirituel ou tout au moins d’engagement, en représentant une identité bien particulière et des valeurs universelles partagées, comme le respect, le vivre ensemble et pourquoi pas l’urbanité (…) il y a une sorte de nouveau rite urbain qui s’installe et d’ailleurs non pas en contradiction avec les religions ».[3] À plusieurs égards, c’est cette forme d’appropriation multiculturelle de l’espace public, mais à la fois laïque et profondément humaniste, que nous avons vu émerger spontanément à la suite des attentats terroristes de 2015 et 2016, notamment devant la place de la Bourse, ici même à Bruxelles. Ces rassemblements étaient porteurs d’un sentiment de faire communauté, au-delà des différences, pour faire front à la violence et à la barbarie, et affirmer un désir partagé, une volonté générale, de préserver l’indépendance et la liberté des uns et des autres, de croire ou de ne pas croire, tout en offrant à toutes et à tous la force du nombre. Bref, un mouvement civique, bien davantage que politique, qui s’incarnait dans l’appropriation démocratique et inclusive d’un lieu symbolique de la capitale. Un rappel : ce qui nous rassemble est bien plus grand, plus fort et plus beau que ce qui nous divise mais aussi que nous ne cèderons pas à la peur et à la violence.

Cela dit, malheureusement, certaines personnes ont plutôt retenu autre chose de cet épisode et en ont profité pour remettre en avant le choc des religions qui a inévitablement lieu dans une ville aussi diversifiée que Bruxelles – en étendant le débat à l’ensemble de l’Europe, voire du monde. Ce fut l’occasion pour les tendances réactionnaires de s’incarner politiquement à travers un discours de retour en arrière, en affirmant un désir de « dé-démocratisation » de l’accès à la citoyenneté. Un reniement de l’universalisme, cédant à la logique des particularismes et entraînant, de façon plus ou moins assumée, le débat démocratique dans les extrêmes. Et, tout cela, sans chercher à remettre la laïcité au milieu de la Cité, mais plutôt en cherchant, souvent, à instrumentaliser celle-ci pour affirmer un désir de purger l’espace public des religions. Comme si les choses étaient aussi simples !

Sur cette question, il est ici important d’insister sur une distinction cruciale à faire : celle entre espace public et espace civique. Le premier désigne ce que nous entendons dans le langage ordinaire lorsque nous parlons d’endroits publiques : la rue, les parcs, les théâtres, etc. Ces endroits sont les lieux par excellence de l’exercice des libertés politiques, notamment la liberté d’expression, évidemment toujours dans les limites de la loi. Le second désigne les administrations, comme les maisons communales, les tribunaux ou encore les écoles. Ce sont les lieux par excellence de l’expression de l’humanisme civique qui fonde la vie politique de la Cité. C’est d’ailleurs pourquoi ces lieux ont, et doivent avoir, leurs normes propres. L’épineuse question du port de signes convictionnels dans les institutions publiques, qu’il conviendrait mieux de désigner comme lieux civiques, afin d’éviter la confusion avec l’appellation « d’endroits publics », cristallise d’ailleurs la confusion qui règne autour de l’expression « lieu publics » et de la distinction entre espace public et civique. Examiner les arguments pour ou contre l’interdiction du port de signes convictionnels dans l’espace civique mériterait une discussion en soi et nous éloignerait trop de notre sujet. Notons seulement que, tant chez les détracteurs de cette interdiction que chez les usurpateurs de la laïcité, cette distinction fondamentale fait défaut et passe à la trappe.

Les tenants d’une imposition de la « laïcité » (insistons ici sur les guillemets !) dans l’entièreté de la sphère publique voudraient nous ramener au temps de l’Antiquité, lorsque la Cité était composée d’une population relativement homogène, avec une spiritualité, souvent païenne, qui l’était quasiment tout autant. Or, depuis la Modernité, et c’est d’autant plus le cas à notre époque contemporaine, la sécularisation de l’espace public et, a fortiori, des villes a été marqué, notamment, par l’expression plurielle des croyances philosophiques et religieuses. Nier ou vouloir annihiler cela ne peut qu’engendrer du repli sur soi, de la suspicion et de la défiance. La laïcisation de l’espace public ne se fait pas, et ne doit pas se faire, contre les religions. Elle doit plutôt se faire dans un désir de démocratiser l’espace public, notamment les forums de discussion, afin de favoriser la rencontre respectueuse et le dialogue interreligieux, en incluant impérativement les non-croyants.

C’est précisément sur cette notion de démocratisation que nous voulons insister. Le principe de laïcité comme incarnation de l’humanisme civique tire sa valeur éthique, normative, du fait de s’inscrire dans la longue histoire de la démocratisation des droits et libertés associés à la citoyenneté. C’est ainsi qu’il faut interpréter l’insistance sur l’impartialité des pouvoirs politiques et la neutralité des espaces civiques. Pour le résumer simplement, la laïcité se veut un rempart face au pouvoir arbitraire et à la non-reconnaissance de l’égale et universelle dignité de toutes les personnes. Les obligations, négatives et positives, découlant du principe de laïcité et qui incombent à l’État doivent être comprises comme étant des conditions nécessaires à la démocratisation de l’accès aux droits, à l’exercice effectif des droits et libertés, ainsi qu’aux moyens de l’émancipation et aux opportunités significatives que celle-ci implique. Bref, que ce soit sur la question de la gestion du pluralisme ou sur les questions de justice sociale, la laïcité exige un interventionnisme de l’État. Une politique (ultra) libérale de laisser-faire ne saurait protéger les droits et libertés de façon robuste.[4] Et, pour limiter l’application de l’interventionnisme de l’État dans la gestion démocratique du pluralisme des croyances, il doit être circonscrit à la sphère civique et laisser aux citoyennes et citoyens leur pleine et entière liberté dans l’espace public, dans les limites du respect de la loi, évidemment.

En somme, si la laïcité est un principe civique qui circonscrit le pouvoir politique et, plus particulièrement le pouvoir que l’exécutif peut et doit avoir sur les citoyens, sa portée ne s’arrête pas là. Dans la dynamique politique, l’objectif de laïcité est de démocratiser le statut de citoyen, de civitas, avec tous les droits que celui-ci confère. C’est pourquoi il faut lutter sans relâche pour démocratiser l’accès aux droits, notamment ceux garantis par les diverses conventions internationales, entre autres moyens, par un accès équitable à la citoyenneté ou, du moins, à des services publiques et administratifs impartiaux et dans des délais raisonnables. Au sein même de la citoyenneté, des inégalités subsisteront toujours. C’est pourquoi il faut une société civile constamment engagée envers elle-même afin de préserver nos libertés face à des pouvoirs, notamment l’exécutif, qui chercheront toujours à se substituer à la volonté générale. L’équilibrage des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) et l’équilibrage des sujets au sein de la citoyenneté est un engagement pratiquement perpétuel. C’est là toute la vitale nécessité du secteur associatif en Belgique et à Bruxelles

LA(Ï)CITÉ EN PARTAGE

Cela dit, il ne faut pas non plus se mettre la tête dans le sable. Un minimum de réalisme politique et d’observations nous font vite constater que la ville est aussi le lieu où s’entrechoquent non seulement le pluralisme des croyances, mais également des inégalités sociales galopantes, ostentatoires et, bien souvent, avouons-le, honteuses. Le processus de démocratisation des espaces et droits civiques et politiques liés au statut conféré par la citoyenneté demande encore un travail acharné. Qu’il s’agisse de rendre accessibles certains espaces ou moyens de mobilité aux personnes porteuses de handicaps, de rendre la ville (en ce compris les campus universitaires) plus sécuritaire pour les femmes, plus hospitalière pour les sans-abris, les migrants et les sans-papiers, plus juste dans son urbanisme en démocratisant l’accès aux espaces verts, aux loisirs et à la culture, en modifiant la manière de travailler des différentes zones de police pour retisser du lien avec les populations, en impliquant les différentes communautés qui composent le tissus social dans la réflexion sur le rapport que la ville et les quartiers entretiennent avec l’histoire, etc. Mais il y a fort à parier que toutes ces causes imminemment politiques auront plus de chances de connaître des avancées concrètes si l’on s’emploie à faire vivre un humanisme civique, que l’on saura rendre attrayant et inclusif, au moyen d’actions sociales et de projets culturels ancrés dans notre chère et insolite capitale. L’immensité de ce défi emballant n’a d’égal que son absolue nécessité.

Au terme de ce que nous avons discuté dans ce qui précède, que peut vouloir dire remettre la laïcité au milieu de la Cité ? Sachant que le terme de « Cité » lui-même est aujourd’hui, surtout en contexte urbain, bien plus souvent employé pour désigner les « quartiers », les zones où, justement, les habitantes et les habitants se sentent totalement exclus du régime démocratique de la citoyenneté, avec l’emprise que cela confère sur les affaires de la Cité, entendue au sens noble.

L’ébauche de réponse que nous suggérons ici est que cela signifie de porter sur la ville un regard humaniste, engagé à développer et à faire vivre une culture civique commune qui puisse rendre possible le débat, qui permette de civiliser les conflits, au-delà des différentes philosophies politiques et systèmes de croyances et donc, au final, une vie démocratique à la fois vibrante, où se confrontent les idées et non pas les individus ou les communautés. C’est de faire vivre le libre-examen, en étant tour à tour sujet et objet, sans refuser aux autres leur capacité à exercer leur agentivité (pouvoir d’agir) et leur esprit critique[5], afin de leur reconnaître leur légitimité dans un débat contradictoire. Tout ça, c’est la laïcité. C’est lutter contre l’exclusion et le repli sur soi, sous toutes leurs formes, peu importe les vocables sous lesquels ces tentations se présentent.

Partager la Cité c’est d’abord, et avant tout, une affaire d’humanisme et de civisme. C’est là la condition même pour pouvoir tenter, de façon raisonnable, de surmonter les inégalités sociales, les clivages et les inerties politiques, ainsi que les difficultés liées aux mauvaises représentations que nous nous faisons des uns et des autres, que nous connaissons trop souvent trop mal, malgré la proximité et l’interdépendance qui sont le propre de notre urbanité partagée.


[1] https://www.laicite.be/la-laicite/la-laicite-un-concept-simple-a-definir/

[2] Certains diront que Rousseau s’opposait à l’inclusion des athées. Il s’agit davantage pour nous de mettre la laïcité au fondement même du pacte moral, le véritable contrat rousseauiste, qui précède l’édiction des lois à proprement politique. Pour soutenir cette idée, ajoutons que les développements de la morale laïque aujourd’hui pourrait être acceptable pour Rousseau dans un pacte social républicain. Citons à cet effet, la fin du chapitre intitulée « De la Religion Civile » (IV, 8) qui conclut Du Contrat Social : « Maintenant qu’il n’y a plus et ne peut plus y avoir de Religion nationale exclusive, on doit tolérer toutes celles qui tolèrent les autres, autant que leurs dogmes n’ont rien de contraire aux devoirs du Citoyen. Mais quiconque ose dire, hors de l’Église point de Salut, doit être chassé de l’État, à moins que l’État ne soit l’Église, et que le Prince ne soit le Pontife ».

[3] « Des villes religieuses à la laïcité urbaine », Lumières de la Ville, 28 juin 2018.

https://lumieresdelaville.net/villes-religieuses-a-laicite-urbaine/

[4] « La laïcité ne repose pas seulement sur l’abstention : pour être fidèle à ce minimalisme politique, il faut intervenir, savoir être ferme, imposer la laïcité pour protéger la liberté ».

Catherine Kintzler, « La ville, objet « naturellement » laïque et l’urbanisme comme politique », Humanisme, Février 2015 (no. 306), p.46.

https://www.cairn.info/revue-humanisme-2015-1-page-42.htm

[5] Bref, de ne pas succomber à la surenchère de la « réduction par la sociologie » qui est en vogue. Comme le résume magnifiquement le philosophe Alain Deneault : « D’autant plus que la vulgate intersectionnelle s’acquiert facilement, à défaut de sa maîtrise théorique. Combien se sentent investis d’un pouvoir critique sitôt munis des clés de l’interprétation intersectionnelle : le « genre », la « race », l’âge, l’orientation sexuelle nous revêtiraient du pouvoir immédiat de comprendre sociologiquement le monde, et de le dominer. Ne plus voir que par ce prisme et substituer la pensée complexe à quelques attributs fondamentaux (…) plus besoin de penser, plus besoin de s’enquérir des situations, plus besoin de jauger. On sait. ».

Mœurs, Montréal : Lux, 2022, pp. 30-31.

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