ACTION COMMUNAUTAIRE : LA ZINNE

par | BLE, DEC 2019, Economie, Social

Il y a maintenant presque deux ans, des citoyens bruxellois se sont réunis pour discuter des systèmes d’échanges et de leurs rôles dans la société. Nous avons vite compris que les systèmes d’échange ne sont pas des outils neutres. Contrairement à ceux qui sont actuellement utilisés, un système d’échange adéquat peut stimuler les circuits commerciaux courts, locaux et éthiques, et aussi créer du lien social entre les habitants bruxellois.es, producteurs et consomActeurs et consomActrices.

Notre démarche est locale mais notre pensée est globale. Il faut savoir qu’actuellement, seulement 3%-5% de l’argent qui existe au monde est utilisé dans l’achat de biens et de services, le solde va dans la spéculation financière. De plus, 85% de la monnaie conventionnelle est basée sur le crédit. Les banques nationales et commerciales ont une vision purement capitaliste et court-termiste de leur action. Elles n’ont pas conscience ni de leur rôle social, ni de leur devoir sociétal.


A contrario, utiliser une monnaie locale permet de retenir la richesse produite dans l’économie réelle, ancrée dans le territoire, tout en renforçant les acteurs et actrices économiques qui respectent l’humain et la planète. Une monnaie locale comme la Zinne participe au développement d’un
écosystème économico-éthico-social à Bruxelles. Lorsque nous convertissons des euros en zinnes, nous “capturons” des euros et les mettons au service de l’économie réelle dans laquelle participe le boulanger, la maraîcher, le dentiste, l’artiste, le mécanicien, etc. Le consommateur fait ses achats chez l’épicier de son quartier, qui, à son tour, peut payer ses fournisseurs locaux ou faire ses achats personnels chez d’autres commerçants et ainsi de suite jusqu’à boucler la boucle économique lorsqu’un des acteurs de ce circuit finit par effectuer une transaction avec notre premier consommateur.

Cet outil financier de la transition a également l’avantage de créer des liens sociaux entre les consommateurs et les commerçants. Une monnaie locale a le potentiel d’être le trait d’union entre consommateurs, commerçants et fournisseurs du bassin économique bruxellois, qui ont ces valeurs à cœur. Cela contraste avec l’anonymat des multinationales cotées en bourse et qui ont souvent leur siège social au Liechtenstein ou au Luxembourg.

Nous ne sommes pas naïfs ; une monnaie locale a des limites. La zinne reste une monnaie complémentaire qui n’a pas pour objectif de remplacer la devise en place, l’euro. Concrètement, il s’agit d’un bon de soutien à l’économie locale. Nous limitons notre portée d’action à la région géographique. Les membres du groupe, porteurs du projet, sont tous bénévoles et développent la zinne pendant leur temps libre.

Aujourd’hui, six mois après le lancement, 88.000 zinnes circulent à Bruxelles dans un réseau de plus de 145 prestataires de biens et services. L’ampleur du système ne fait qu’augmenter ! Il est possible de payer en monnaie locale citoyenne pour se nourrir, faire des sorties culturelles, boire un coup avec ses amis et amies, réparer son vélo ou même amener son animal de compagnie chez le vétérinaire. Pour obtenir des zinnes, il suffit d’aller dans plus de 40 comptoirs de change et convertir ses euros en zinnes à un taux de change de €1 pour Z1. La zinne a été conçue pour être utilisée dans l’ensemble des 19 communes bruxelloises. La zinne est une monnaie gérée par les Bruxellois, pour tous les Bruxellois. Au contraire de l’euro, le système zinne est au service de tous les Bruxellois.

1 https://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-2008-1-page-10.htm#

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