Le Cours de philosophie et citoyenneté constitue à nos yeux une remarquable avancée, tant du point de vue des missions de l’école publique que du vivre ensemble dans une société pluraliste et laïque.

En effet, au lieu de séparer les élèves selon les convictions de leurs parents, reproduisant par-là les cloisonnements de la société, favorisant le repli communautaire, entretenant la méconnaissance de l’autre et les préjugés, il est bien plus fécond de les réunir dans un cours où ils peuvent confronter leurs valeurs respectives et communes, affronter ensemble les défis et enjeux de la vie en société, découvrir la culture de l’autre et la richesse du métissage. Dans la foulée, une école publique vraiment pour tous pourrait s’attaquer à d’autres décloisonnements en proposant des valeurs inclusives et partagées, et aller plus loin dans la transmission et la confrontation des savoirs, des cultures, des histoires.

A plus d’un égard, le cours de philosophie et citoyenneté constitue un enjeu laïque. C’est à la suite d’un combat porté par des adeptes de notre mouvement et un arrêt de la Cour constitutionnelle que la dispense des cours erronément dits “philosophiques” a dû être organisée et que le débat sur le cours de philosophie et citoyenneté s’est invité à l’agenda politique. Sa pertinence et sa légitimité ont ensuite suscité un assentiment assez général.

On regrettera néanmoins que ce cours n’ait pas été doté de moyens à la hauteur de ses ambitions. La mise en place tardive et bâclée, l’attribution des postes et l’élaboration des horaires ont répondu à toutes sortes d’impératifs qui n’ont pas servi la qualité pédagogique et l’esprit du cours.

On regrettera surtout qu’il soit amputé de moitié en n’étant commun que pour une seule heure, la deuxième demeurant toujours au choix entre la morale, les religions ou le CPC. On regrettera plus encore qu’il ne concerne même pas la moitié des établissements scolaires, puisque l’enseignement libre dogmatique n’est pas tenu de l’organiser et le distille dans d’autres matières dont la religion.

Si ce cours constitue une avancée remarquable, nous n’en sommes encore qu’à mi-chemin dans la création d’une véritable éducation à la philosophie et à la citoyenneté. À mi-chemin aussi dans l’aspiration plus vaste à une école pleinement laïque et publique dans un réseau unique. La récente initiative du MR de déposer une proposition de loi visant à étendre le cours de philosophie et citoyenneté à deux heures constitue une perspective concrète pour aller plus loin.

Cet enjeu laïque s’inscrit dans un contexte plus large où la laïcité se trouve à la croisée de plusieurs chemins : sa nouvelle définition dans les statuts du CAL, le débat sur son inscription dans la Constitution, l’évolution de la Fête de la jeunesse laïque vers la Fête laïque de la jeunesse. Il est à chaque fois question d’affirmer la laïcité comme un principe politique commun à tous qui fonde le régime des libertés. Dans les différents combats que nous menons et que nous continuerons à mener, cette laïcité pour tous requiert de faire la part entre ce qui appartient en propre à notre communauté philosophique et ne peut être imposé à toute la société, et ce qui peut et doit être partagé par tout le monde pour vivre ensemble dans l’égalité, la solidarité et le respect des libertés de chacun. Tels sont mes vœux les plus chers pour une plus belle année 2018.

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