Le soutien de Bruxelles Laïque aux sans-papiers est notoire, tout comme notre opposition aux centres fermés, d’autant plus catégorique que Théo Francken veut à nouveau y incarcérer des enfants. Au fur et à mesure de nos interventions lors de différentes manifestations sur ces questions, tout comme au cours des nombreux débats que nous avons organisés, nous nous sommes progressivement prononcés en faveur de la liberté de circulation pour toutes et tous.
Il nous est apparu que c’était la seule position cohérente pour résoudre le problème des sans-papiers sans discrimination, pour en finir définitivement avec l’enfermement et l’expulsion contrainte de migrants innocents, pour garantir le respect de l’ensemble indivisible des droits fondamentaux de toute personne humaine, pour être en phase avec le mouvement actuel du monde où tout circule de plus en plus…
Nous avons donc développé des arguments en ce sens. Ceux-ci ont notamment été synthétisés dans un article de notre dossier “Fragments de futurs” (Bruxelles Laïque Échos n°79). Cet argumentaire a ensuite été examiné par le Conseil d’administration du Centre d’Action Laïque qui a en fait une position officielle du mouvement laïque en janvier 2013. Nous republions en ouverture de ce dossier ce qui est maintenant devenu un plaidoyer laïque en faveur de la liberté de circulation.
C’est une position de principe, argumentée, rationnelle et d’un certain point de vue plus réaliste que la prétention des politiques actuelles à pouvoir maîtriser fermement le mouvement de la multitude humaine. Mais c’est un point de vue qui est loin d’être partagé par tout le monde et ne résonne pas du tout avec l’air glacial du temps que nous traversons. Certains nous reprocheront de verser dans l’angélisme ou d’être suicidaires : moins qu’il n’y paraît quand on comprend l’ensemble de nos arguments. D’autres souriront de notre utopie : il en a toujours fallu pour faire progresser l’humanité. D’aucuns nous diront encore que nous n’avons rien compris à notre époque qui est faite de repli, de concurrence, de protectionnisme et d’austérité : nous la comprenons trop bien et élaborons justement des propositions pour en sortir.
Même pour celles et ceux qui partagent nos analyses et aspirations – minoritaires mais tout de même beaucoup plus nombreux qu’il y a vingt ans – une foule de questions se posent. Comment mettre concrètement en œuvre cette position de principe ? Comment sortirons-nous du fléau du chômage, de la crise de la sécurité sociale ou des menaces terroristes si nous ouvrons nos portes à tous ? N’allons-nous pas favoriser la fuite des cerveaux ? Les croyances religieuses des migrants ne vont-elles pas remettre en question les fragiles conquêtes de la laïcité ? …
Afin d’affronter ces objections et d’affiner nos arguments, nous avons décidé de mettre notre position en débat. Nous avons demandé à une série de contributeurs d’argumenter pour ou contre la liberté de circulation et de soulever les obstacles que sa mise en œuvre rencontre ou les difficultés qu’elle engendrerait. Nous nous sommes livrés à un réel exercice libre-exaministe du débat contradictoire. Vous lirez donc dans ces pages certains points de vue que nous ne partageons pas à Bruxelles Laïque mais que nous sommes prêts à entendre. Nous n’avons répondu à aucun des propos, les laissant se répondre entre eux et laissant le lecteur se forger sa propre opinion.
Nous aurons l’occasion d’y répondre et surtout de prolonger cette mise en débat tout au long de l’année 2017 dans le cadre d’une campagne d’éducation permanente du mouvement laïque.
Année 2017 que je vous souhaite d’ores et déjà riche en projets, en activités, en mouvements…