Par le passé, le Bruxelles Laïque Echos s’est souvent intéressé au secteur social en mettant en avant les logiques d’activation et de management qui le dévoient de sa raison d’être originale. Nous vous proposons cette fois d’analyser la manière dont le travail social est vécu par ses artisans. Les travailleuses et travailleurs du secteur ressentent souvent un sentiment d’impuissance dont les causes sont multiples.

Les articles proposés ne font pas la genèse de la situation actuelle, mais invitent à dépasser le simple constat et à s’interroger sur les moyens de lutter contre ce sentiment d’impuissance qui traverse le secteur social à Bruxelles. La paupérisation de la population est palpable et les besoins explosent. La crise sanitaire a accentué les inégalités et a contribué à exacerber, bien souvent, ce sentiment d’impuissance. Maintenant que les choses reprennent petit à petit leur cours normal, il est important de faire le point sur le secteur et de donner la parole à celles et ceux qui le portent, souvent à bout de bras.

L’objectif est d’explorer les alternatives au niveau des pratiques de terrain et des visions politiques qui animent les différentes associations bruxelloises. Les articles qui composent ce dossier thématique abordent différentes pistes pour s’émanciper du fatalisme, avec comme fil conducteur, la participation des publics. Les méthodes d’inclusion des discours des bénéficiaires et de croisement des savoirs sont au cœur de nombreuses initiatives, comme l’École de Transformation Sociale (dont nous sommes partenaires). Différents angles d’approche ont été croisés, que ce soit la pratique de la pair-aidance, la question du genre, de la valeur économique du travail social, du contexte d’action des associations, de la perception du travail social par les publics, sans oublier une réflexion autocritique sur le secteur, afin d’éviter les écueils de la complaisance ou de la victimisation. Sans avoir la prétention de régler des problèmes qui ne datent pas d’hier, ni d’épuiser la question, ce dossier se veut une ouverture sur le secteur afin de relayer la parole de ceux qui lui donnent une consistance, de regarder vers l’avenir et d’apporter un souffle d’espoir.

Les défis auxquels notre société est confrontée sont nombreux et les solutions devront faire l’objet d’une réflexion collective et d’efforts conjugués. Actuellement, le travail social agit bien trop souvent à la marge, en essayant de limiter l’impact des problèmes sociaux sur le fonctionnement de la société en général. Les professionnels sont demandeurs d’un courage politique qui s’attaquerait aux causes profondes des problèmes, plutôt que de distribuer des budgets, souvent dérisoires par rapport aux besoins, visant davantage à conjurer leurs effets. Chose certaine, une vision collectiviste et solidaire est partagée de manière transversale dans le secteur social. Il ne reste plus qu’à espérer que cette parole soit entendue par le plus grand nombre, afin que son écho résonne jusque dans les cercles des décideurs politiques.

Nous vous souhaitons une bonne lecture, ainsi qu’un été fertile en réflexion et en prise de conscience.

Dans la même catégorie

Share This