Selon une formule très répandue, nous serions sous « l’emprise des chiffres ». Notre vie quotidienne, dans tous ses aspects, serait dominée par la quantification et la mesurabilité. La porte de sortie serait de s’en affranchir, afin de retrouver une authenticité perdue ou abimée. L’évaluation chiffrée, de soi et des autres, viendrait encapsuler cette incurie managériale et néolibérale. Tentons de démêler ce qui peut l’être, non sans une dose d’impertinence et d’humeur espiègle.
La motivation de cet article est de sortir d’une fascination un peu morbide à propos de la domination que les chiffres auraient sur notre vie. Reconduisant les termes utilisés dans les articles et débat sur ces questions, nous assumons un flou lexical entourant la dichotomie entre, d’une part, la dénonciation de l’emprise du chiffre, de la gouvernance par les nombres, de la fausse neutralité du quantitatif, et plus spécifiquement de la question de l’évaluation chiffrée concernant les services, les politiques publiques et les personnes ; et d’autre part, l’approbation des orientations qualitatives, renvoyant à une gestion vue comme authentiquement politique de la Cité, contre sa gestion automatique et bureaucratique.
PENSER CONTRE SOI-MÊME
Il ne s’agit nullement de se faire l’avocat des pratiques néolibérales s’appuyant sur des données chiffrées présentées comme objectives afin, par exemple, d’œuvrer au perfectionnement du contrôle des chômeurs (mais quid du contrôle des évadés fiscaux ?). De même, lorsque les évaluations se répercutent sur les personnes, cherchant par exemple à connaître les satisfactions des clients dans un rapport marchand, la résistance à cette « emprise » est parfaitement légitime.
Mais sans mettre à mal pour autant l’esprit critique que nous nous enorgueillissons d’avoir et notre pratique du libre examen, ce dernier rimant avec auto-réflexivité.[1]
L’exercice est donc de discuter de l’opposition entre « quali » et « quanti », entre laisser-faire et régulation, entre le refus d’évaluer et sa pratique tous azimuts, au regard de nos réflexes politiques et idéologiques. Et dans le cadre des discours dits « critiques », la présence des « chiffres », de la gouvernance par les nombres, des évaluations, des jugements, est rarement appréciée, voire considérée comme néfaste.
TOTALITARISME CARTÉSIEN CONTRE LE BIEN VIVRE
Il n’est pas rare de voir ce pauvre Descartes cloué au pilori, non sans tordre son propos et le contexte d’énonciation, pour une phrase emblématique, devenue la synthèse et l’origine de notre dégénérescence : « se rendre comme maître et possesseur de la nature »étant parfois lu comme l’acte de naissance de la gabegie capitaliste, le blanc-seing donné à l’homme pour assoir une domination que l’évolution de la puissance de calcul amplifiera et validera dans son dessein maléfique. De Descartes à la Bombe atomique, et de la Bombe atomique à l’IA, tout concourt à faire de l’esprit rigoureux et calculateur, effaçant par ailleurs toute la créativité et la poésie des mathématiques, une source inépuisable d’asservissement, plutôt qu’une pensée de la multiplicité de l’être. Et, dans une certaine mesure, pour ne pas dire une mesure certaine, les processus « techno-capitalistes », « algorithmiques », « cybernétiques », ou « logistiques » peuvent effectivement concourir chacun à leur façon à des formes de domination — de l’homme sur l’homme, de l’homme sur la nature. Cependant, la construction de discours anxiogènes où la raison mathématique a la place centrale fait trop souvent figure de coupable idéal : et il serait mal venu, à notre sens, de prendre le parti de l’Inquisition contre Galilée…
ESSAIS ET ERREURS
La « politique » est apparue comme remède à cette construction anxiogène mettant en scène la raison algébrique et statistique, l’homo œconomicus, et, partant, notre perte d’humanité dans les eaux troubles de la pensée technocratique. La vertu politique — débat et discussion, délibération collective, proximité et subjectivité —, sous forme qualitative viendrait en quelque sorte tempérer, voire contrer l’automaticité de décisions prises sous le sceau de l’objectivité (contestée) de la gouvernance par les nombres. Et quiconque est soucieux de combattre les formes d’exploitations capitalistes, qu’elles se déploient dans des espaces libéraux ou dans un cadre national-capitaliste autoritaire[2], tel qu’en Chine, tout en préservant les libertés ne pourra trouver de réconfort ni dans l’histoire du socialisme réel (soviétique), ni dans celui, moins connu, du socialisme cybernétique de Salvador Allende. Ce dernier visait à fusionner politique et gouvernance automatisée via le projet Cybersin. Véritable machine à gouverner évaluant les politiques en temps réel, sur base des remontées des données locales (transports, agricultures, etc.), en passant par une centrale informatique nationalisée, le Chili d’Allende a tenté de lier cybernétique et politique redistributive, « permettant de mesurer précisément la quantité de matériel entrant dans chaque entreprise, leur niveau de production, ou encore le taux d’absentéisme des employés, ces « télex » sont reliés à un ordinateur central installé dans la capitale, qui digère toutes ces données pour en tirer la substantifique moelle, c’est-à-dire suggérer des améliorations à la carte dans la gestion des ressources et simuler certaines mesures pour en mesurer les effets possibles ».[3] Projet éphémère (1971-1972), à la structure très verticale et au design cybernétique chancelant peu raccord avec les institutions et pratiques politiques chiliennes, Cybersin aurait pu automatiser des pans entiers de la participation citoyenne : « Stafford Beer [le concepteur de ce système, ndr] envisage même de mesurer le bonheur de la population chilienne en installant au domicile de certaines familles choisies aléatoirement un boîtier, qu’il suffirait de tourner si l’on était satisfait de l’action du gouvernement… ».[4] En 1973, le Général Pinochet commet un coup d’Etat avec l’aide de la CIA. Il réduira en miettes cette machine à gouverner pour y installer une dictature capitaliste, où, pour le pire, la raison d’État se mêla à la rationalité économique des Chicago boys.
SOUS L’EMPRISE DES CHIFFRES ?
À cette lumière, où que l’on se tourne, raison calculatrice et politique émancipatrice font mauvais ménage. Cela renforce d’autant plus le désir de recouvrer une politique « authentique », débarrassée d’intermédiations technologiques. Mais lorsque cette réflexion prend place dans un moment de fatigue démocratique, le résultat est d’autant plus explosif. Ainsi, les réactions politiques durant la pandémie COVID nous ont offert – et continuent de nous offrir – le pire des deux mondes, car le pouvoir, nullement asservi au néolibéralisme de la gouvernance par les nombres, a au contraire convoqué très opportunément la défiance dans le progrès des connaissances ! Contrairement à ce que l’on aurait pu attendre des pouvoirs politiques, ce qui fut au centre des discussions, ce ne fut pas une réflexion concernant la construction de toute réalité chiffrée, ni, surtout, des stratégies efficaces à mettre en place pour lutter contre un virus hautement pathogène à transmission aérienne. Non, partout, ce fut une diversion quasi permanente. Des tribunes d’une rare indigence philosophique sur la vie et la mort succédaient aux variations constantes d’appareils d’Etat aux abois, dans un évitement constant de leur responsabilité. Dans un paradoxe apparent, nombre d’élites politiques, au pouvoir ou dans l’opposition, furent bien plus proches des populations craignant une « dictature sanitaire » que l’on pourrait le croire, — tandis que des associations, des groupements militants, rapidement affublés du qualificatif « hygiénistes », tiraient la sonnette d’alarme.
LE TIERS OBJECTIVABLE COMME SOURCE DE CONNAISSANCE
La même rigueur critique doit être appliquée aux substituts trop souvent mis en opposition de la gouvernance néolibérale. Que cela soit dans l’opposition du « peuple », comme souveraineté métaphysique du pouvoir démocratique contre les élites « technocratiques ». Pensons également à la vertu proclamée du ressenti, associée à la revendication d’un positionnement anti-rationnel : en réalité un positivisme des identités, où le vécu subjectif est élevé contre le « totalitarisme cartésien ». Il s’agit donc de pointer les effets de manche identitaires alliés à « l’invocation de la nature » servant un agenda idéologique.
Et dans ce contexte, il apparaît proprement insupportable de faire admettre que le vécu subjectif d’une situation subie est très souvent une bien piètre source de connaissance. Autrement dit, le fait qu’un sujet ait un rapport personnel à un objet n’en fait pas automatiquement un contributeur pertinent à l’édification conceptuelle et intellectuelle dudit objet. Et si cette proposition choque, c’est qu’elle entre en conflit avec les représentations que nous avons des identités politiques et les dynamiques constitutives des blocs politiques. L’évaluation des connaissances empiriques, sur base d’analyses quantitatives des données, permettant de mettre en place des méthodes statistiques multivariées ou multidimensionnelles[5], n’est pas à opposer aux enquêtes qualitatives, à la philosophie spéculative ou aux recueils de témoignages dans le cadre d’une recherche historique ou anthropologique. Et sans s’y appesantir, l’on perçoit assez rapidement qu’évaluer une course Uber, mettant en péril la survivance matérielle du prolétaire, n’est pas la même chose qu’évaluer des politiques publiques. De même que la gestion des données de ces évaluations chiffrées au sein des GAFAM n’est pas identique à celles qui constituent, par exemple, Our world in data, Research and data to make progress against the world’s largest problems[6] ou celles des travaux de Piketty.[7] Mais au royaume de l’opinion, miroir subjectif de l’évaluation, les aveugles sont rois.
CRITIQUE DE LA CRITIQUE
En 2023 est publié Chiffre, d’Olivier Martin, dans la collection le Mot est faible.[8] Il poursuit une entreprise éditoriale et intellectuelle florissante, sur la place des chiffres dans nos sociétés. Citons le classique La Gouvernance par les nombres, d’Alain Supiot.[9] On peut également lire une très intéressante discussion sur L’emprise du chiffre, avec entre autres, ce même Alain Supiot [10]— ou encore Quand le monde s’est fait nombre, d’Olivier Rey.[11] Olivier Martin est par ailleurs l’auteur de L’Empire des chiffres. Une sociologie de la quantification[12], et pour alimenter la réflexion critique sans se désarmer, on regardera par exemple du côté de l’ouvrage collectif Statactivisme : comment lutter avec les nombres[13], aux éditions Zones. Autant d’ouvrages d’auteurs érudits (juriste, philosophe, sociologue) — la liste est loin d’être exhaustive — qui permettent de se forger un savoir conséquent sur ces questions, avant, pourquoi pas, de se plonger dans l’histoire des mathématiques.
Il nous apparaît néanmoins important, pour alimenter la réflexion, de mentionner quelques considérations sans doute mineures au regard des connaissances déployées, mais relativement importantes si l’on se penche sur ce qui prend, sur ce qui fait mouche,dans l’espace dit critique. Afin de déployer pleinement la réflexion, il convient bien souvent de désamorcer la sidération, l’indignation ou le sentiment de résistance, sans les affubler d’une quelconque illégitimité par ailleurs.
Penchons-nous sur le petit livre d’Olivier Martin, appartenant à cette liste d’ouvrages de vulgarisation et de « lutte ». Ce livre reproduit et synthétise donc les messages très répandus dans les pensées critiques, volontairement ou non, qui est l’idée d’une « invasion », d’une « emprise » des chiffres, et le risque de notre asservissement — « tout se discute, sauf les chiffres », comme l’indique son entame. Et comme nous nous y efforçons de le faire, à y regarder de plus près, il nous semble que les choses ne sont pas si claires.
Il est écrit : « Les chiffres façonnent les sociétés en les rendant lisibles, mesurables et calculables. […] Ce faisant, les chiffres participent à la dévalorisation des autres représentations et rapports au monde, plus qualitatifs, moins uniformisés, offrant moins de possibilités de comparaisons systémiques ».
La dichotomie exprimée est claire. La lisibilité, la mesure et la calculabilité sont, dans cet extrait, renvoyé à un processus néfaste de dépolitisation. L’approche comptable réduirait le champ de la réflexion démocratique en cloisonnant la réflexion et le périmètre d’action à des politiques d’ajustements qualifiées de neutres et d’objectives. Un autre « rapport au monde » existe pourtant, et l’on comprend qu’il doit être revalorisé. « Moins uniformisé », opposant le « qualitatif» au « quantitatif », ce monde à retrouver permettrait de sortir d’une certaine « emprise ». Certes, l’auteur n’est pas caricatural, et pointe l’importance de l’usage des données chiffrées dans le cadre des politiques publiques, notamment sociales, ou son usage en tant que contre-pouvoir. Par exemple, la production de statistiques sur les « féminicides » et les violences conjugales indépendantes du ministère de la Justice. Il est rappelé que le chiffre est le fruit d’une convention, d’un dispositif technique, et d’un pouvoir. Pour autant, son usage reste largement ouvert. La mesure du temps par exemple, permet autant au patron — lors de l’émergence de la forme capitaliste du travail — de contrôler le salarié, qu’il ne permet, plus largement « de disposer de repères temporaires pour rythmer la vie sociale (…), organiser les moments collectifs, les assemblées, le temps de la prière ou du travail, les moments de repos, le temps des fêtes ».[14]
Outre les libertés prises durant la crise COVID déjà évoquées, citons la question du changement climatique. Les rapports du GIEC, pour ne prendre qu’eux, sont très fournis en prévisions chiffrées, évaluant les mesures à prendre en matière de réduction du CO2 rejeté dans l’atmosphère ; des économistes chiffrent le coût de l’inaction climatique ; des démographes calculent l’impact du changement climatique sur l’habitabilité des différentes régions de la planète et l’impact sur les migrations humaines, etc. Évaluation et chiffrages sont au cœur de ce type de rapport, essentiel pour anticiper les transformations de l’anthropocène. Ces chiffres et évaluations font-ils partie de cette même « invasion », « empire » et « emprise » ? Au regard de l’inertie collective des appareils d’État et des populations, cette emprise du chiffre sur nos vies est particulièrement inefficace. Ils ne semblent pas du tout imposer un nouveau canon social ou civilisationnel. C’est que d’autres intérêts rentrent en jeu, qu’ils soient chiffrés ou non. En d’autres termes, les chiffres avancés pour documenter l’anthropocène s’opposent aux chiffres avancés par les politiques du capital.
Pour le dire simplement, l’emprise du chiffre sur nos vies, si elle existe, est clivée, et ce faisant nous oriente dans des directions très différentes. « Tout se discute, sauf les chiffres » : on ne discute pas des chiffres repris par les climatologues, et on ne discute pas des taux de profits à réaliser. Un même énoncé pour deux réalités différentes.
Ce qui tend à amoindrir fortement l’accroche en début d’ouvrage : « Pourquoi les propos des responsables politiques, des journalistes, des citoyennes et des citoyens, des institutions et des collectifs sont-ils aussi facilement et aussi souvent placés sous l’autorité des chiffres, sous l’égide d’arguments quantitatifs ? Sûrement parce que les chiffres ont l’apparence de données neutres et objectives qui s’imposeraient à nous, transmettant une vérité authentique, à l’abri des subjectivités et des arbitraires ».
LE JEU DES ANTAGONISMES DÉLÉTÈRES [15]
En radicalisant la pensée concernant l’emprise du chiffre a sur nos vies, trouvant son acmé dans le numérique, une certaine critique mortifère prospère, jusqu’à considérer que la Silicon Valley serait plus dangereuse que les appareils d’État qui assassinent leur peuple[16] ; criminels de guerre et dictateurs vaudraient mieux qu’entrepreneurs à succès californiens.
C’est pourtant jouer leur jeu que d’imaginer que les entrepreneurs milliardaires californiens révolutionneraient la pensée depuis leur bureau. ils sont avant tout « des sous-produits du capitalisme technologique américain »[17] gorgés de partenariats public-privé, plutôt que des Mozart ou des Hedy Lamarr (inventrice du wi-fi). Le sociologue Arnaud Saint Martin dresse le tableau de ce parfait esprit pro-business contemporain, sensible aux « spiritualités New Age », pour qui « les robots et l’innovation « disruptive » généreraient des profits pour l’Humanité tout entière ». Il ajoute : « Ces pensées oraculaires jouissent d’une certaine aura dans les milieux sociaux et politiques obsédés par l’économie de la « connaissance » et la rupture par l’innovation ».
Ce qui est ici intrigant, c’est que cette obsession est reprise telle qu’elle – en miroir – par certains commentateurs apocalyptiques, pris au piège des mêmes fascinations mythologiques, produisant les mêmes bigoteries, « pensées-slogan » et autres « idées à impact ». Et dont les livres font face à ceux des disciples de la pensée des ingénieurs-capitalistes de Palo Alto. Ces « pensées » sont pareillement bâties sur la prise au sérieux des récits d’auto-affirmations disruptives – nécessaires au marketing et à la cyber-capitalisation boursière – des « diffuseurs de la pensée high tech ». Les techno-prophètes des uns deviennent par antagonisme, les fossoyeurs de l’humanité pour d’autres. C’est ainsi que selon la sociologue Monique Pinçon-Charlot, intervenante dans le film conspirationniste Hold Up : « Le développement de l’intelligence artificielle et de la robotisation de nombreuses tâches permettrait aux « capitalistes » de se passer d’une part importante de leur main-d’œuvre. »Et donc, selon la sociologue, de les « exterminer ». [18]
Rien, dans cette démarche confuse de « pensée critique », ne permet de comprendre les ambivalences de la gouvernance par les nombres et du capitalisme contemporain, ou de clarifier les enjeux technologiques, écologiques, humanistes et progressistes. Elle permet par contre de se rassurer à bon compte, de faire vivre à peu de frais une identité politique qui a le bon goût de se prévaloir de la démocratie contre la technocratie.
[1] Voir Julien Chanet, Difficile responsabilité. Réflexions sur nos dogmes et le libre arbitre, automne 2022. https://echoslaiques.info/difficile-responsabilite-reflexions-sur-nos-dogmes-et-le-libre-arbitre/
[2] Pierre-Yves Hénin et Ahmet Insel, Le national-capitalisme autoritaire : une menace pour la démocratie. Bleu autour, 2021.
[3] Cybersyn, l’ancêtre chilien de la Smart City, Usbek & Rika, 18 mars 2015.https://www.demainlaville.com/cybersyn-lancetre-chilien-de-la-smart-city/
[4] Ibid.
[5] Olivier Martin, L’analyse quantitative de données, 3e édition, Armand Collin, 2012 ; ou Julien Duval, L’analyse des correspondances multiples, politika https://www.politika.io/fr/article/analyse-correspondances-multiples, Politika, 06-06-2017)
[6] https://ourworldindata.org
[7] http://piketty.pse.ens.fr/fr/capital21c
[8] Olivier Martin, Chiffre, Anamosa, Coll. Le Mot est faible, 2023.
[9] Alain Supiot, La Gouvernance par les nombres, Paris, Librairie Arthème Fayard, 2015.
[10] Eve Chiapello, Corine Eyraud, Philippe Lorino, Alain Supiot, débat animé et propos retranscrits par Ève Lamendour, Yannick Lemarchand, « À propos de l’emprise du chiffre », Entreprises et histoire, 2015/2 (n° 79), p. 174-187.
[11] Olivier Rey, Quand le monde s’est fait nombre, Stock, coll. « Les essais », 2016.
[12] Olivier Martin, L’Empire des chiffres. Une sociologie de la quantification, Armand Colin, 2020.
[13] Isabelle Bruno, Emmanuel Didier, Julien Prévieux (dir.), Statactivisme : comment lutter avec les nombres, La Découverte, Zones, 2014.
[14] Olivier Martin, ibid.
[15] Nous reprenons en partie les réflexions écrite ici https://inrer.org/2020/12/pensee-critique-techno-capitalisme-conspirationnisme/
[16] Le philosophe Jean-Claude Michéa nous dit que la « déshumanisation » réalisée par la Silicon Valley est « infiniment » plus importante que dans un régime dictatorial, tel que, par exemple, celui de Bachar al Assad : « […] les défenseurs officiels des « droits de l’homme » – d’ordinaire intarissables quand il s’agit de Poutine, de Maduro ou de Bachar al-Assad – [tendent] à se montrer d’une singulière discrétion chaque fois qu’on les prie de prendre position sur le monde, certes moins brutal (du moins pour l’instant), mais, à coup sûr, infiniment plus déshumanisant (puisqu’il ne vise rien moins qu’à reprogrammer intégralement l’être humain en fonction des seuls intérêts des élites économiques) dont les maîtres de la Silicon Valley, et leur inquiétante armée de savants fous, travaillent nuit et jour à précipiter l’avènement ». Jean-Claude Michéa, « Le loup dans la bergerie, Scolies choisis », Les amis de Bartelby, 2018.
[17] Arnaud Saint-Martin, « Note sur les “penseurs” de la Silicon Valley », Savoir/Agir, 2020/1 (N° 51), p. 79-86.
[18] Laurent Cordonier, Monique Pinçon-Charlot et l’”l’holocauste climatique” : autopsie d’une théorie du complot, Conspiracy Watch, 27 mai 2020.