ESPACES D’APPRENTISSAGE ET DE MÉTISSAGE CULTUREL

par | BLE, Cohésion Sociale, Social

L’éducation étant l’une des clés de développement et de progrès d’une société, Bruxelles Laïque propose des espaces d’apprentissage pour celles et ceux qui souhaitent être accompagnés, notamment dans leur parcours scolaire et dans leur parcours d’apprentissage du français.

Les ateliers d’aide à la réussite pour les jeunes ainsi que les ateliers d’alphabétisation et de français langue étrangère pour adultes qui s’inscrivent dans les priorités du décret de la cohésion sociale[1] représentent un processus d’émancipation individuelle et collective des personnes par l’acquisition de savoirs et la participation à la vie sociale, économique, culturelle et politique.

HISTORIQUE

La mise en place du soutien scolaire et l’apprentissage du français pour adultes remonte à 1995. Ce projet a d’abord été étudié au sein de la Coordination Laïque Immigrée de Bruxelles – CLIB, qui regroupait quatre associations laïques différentes : Bruxelles Laïque, la Ligue de l’Enseignement et de l’Education Permanente (LEEP), le Service Laïque d’aide aux Personnes (SLP) et la Famille Heureuse (planning familial).

Ces deux actions ont ensuite été assurées par le secteur pluriculturel de l’association Service Laïque d’aide aux Personnes en partenariat avec différentes initiatives associatives, publiques et privées, entre autres le Service Laïque d’aide aux Personnes, La Ligue de l’Enseignement et de l’Education Permanente (LEEP), l’Echevinat de la Jeunesse de Schaerbeek (dans le cadre du projet Vinci), le Conseil des Bruxellois d’Origine Etrangère (CBOE), le Centre de Réflexion Francisco Ferrer (CRFF) et l’Echevinat de l’Enseignement de Bruxelles-Ville.

L’objectif principal était de sensibiliser les différents acteurs sociaux à la problématique scolaire et d’apporter une aide pédagogique, essentiellement aux enfants d’origine et/ou de nationalité étrangère, mais aussi de sensibiliser et de responsabiliser les élèves et les parents à la réussite scolaire et à leur cadre de vie ainsi qu’aux réalités sociales vécues par ceux-ci. Le souhait de combler ce déficit en activités éducatives a amené la création des ateliers d’aide à la réussite (le nom revient à l’ancien échevin de l’Enseignement de la Ville de Bruxelles, Freddy Thielemans, également Président du Conseil des Bruxellois d’Origine Etrangère).

L’organisation des ateliers pédagogiques, créatifs, théâtraux et sportifs destinés aux enfants a débuté dans quelques écoles fondamentales de Saint-Josse (Ecole Joseph Delclef), de Schaerbeek (Ecole n°1) et de Bruxelles-Ville (Ecole les Eburons), ainsi que dans quelques écoles secondaires.

Le choix des ateliers s’est fait selon les besoins des enfants et la demande des parents et directions d’écoles. Chaque atelier a été assuré par des animateurs compétents en pédagogie, qui connaissaient le milieu pluriculturel.

OBJECTIFS

C’est en 1997 que les ateliers d’alphabétisation et de français pour adultes débutent dans les trois écoles précitées. Au départ, l’objectif de l’organisation des ateliers d’alphabétisation et de français dans les écoles était de répondre aux demandes des mères qui voulaient apprendre le français. Leur objectif était de pouvoir communiquer avec les enseignants, les directions et suivre la scolarité de leur(s) enfant(s). L’enjeux majeur de ces ateliers était d’intégrer au maximum les parents et les différents partenaires gravitant autour d’une école, persuadés de l’importance de la communication et du partenariat dans tout développement humain. Cette action de terrain nous a permis de constater qu’il y avait une réelle demande du public d’apprendre le français. Le transfert du secteur pluriculturel du Service Laïque d’aide aux Personnes à Bruxelles Laïque (1998) a permis d’étendre ce projet à un public plus large et d’augmenter notre offre. Nous sommes passés de deux groupes dans deux écoles différentes à quatre groupes, ainsi que de deux groupes à six groupes dans les locaux de Bruxelles Laïque. Évidemment, à chaque évolution du programme quinquennal de la Commission Communautaire Française (COCOF), nous avons adapté nos actions aux différentes exigences du décret relatif à la cohésion sociale, par exemple les heures des ateliers ont été modifiées (de quatre ou six heures par semaine à neuf heures par semaine).

Il faut rappeler que, jusqu’à l’avènement du décret relatif à la cohésion sociale, ce projet a bénéficié du soutien financier du Programme Intégration-Cohabitation de la Commission Communautaire Française au niveau communal, puis au niveau régional, Été-Jeunes et du Fonds d’Impulsion à la Politique des Immigrés.

Nos deux actions s’inscrivent dans les priorités du décret de la cohésion sociale, à savoir la Priorité 1 « le soutien et l’accompagnement à la scolarité » et la Priorité 2 « l’apprentissage et appropriation de la langue française en tant que citoyen actif ».

SUR LE TERRAIN

Les ateliers d’aide à la réussite sont organisés dans plusieurs écoles primaires et secondaires à Bruxelles et sont destinés aux élèves qui ont de grosses lacunes scolaires et qui n’arrivent pas à suivre certaines matières. Un nombre important de ces élèves est en échec et/ou est en décrochage scolaire. Les jeunes qui participent aux ateliers viennent d’un milieu fragilisé (difficultés liées à l’environnement familial, social, économique, culturel et scolaire).

Les titulaires de classes suggèrent et orientent les élèves qui ont besoin d’un soutien vers les ateliers. Ces derniers ne sont pas obligatoires. C’est de leur initiative et avec l’accord de leurs parents que les élèves s’inscrivent et suivent les ateliers. Ceux-ci se déroulent dans les locaux scolaires, à la pause de midi et en dehors des heures de cours. Les personnes qui prennent en charge ces ateliers sont des animateurs qui ont les compétences pédagogiques et l’expérience nécessaires. Ce qui différencie cette approche d’apprentissage de l’enseignement classique, c’est le travail en petits groupes et une plus grande disponibilité de l’animateur. Le côté relationnel est aussi un facteur important pour donner confiance aux élèves. Quand ils ont confiance en l’animateur et comprennent qu’une aide et un soutien leur sont apportés, les élèves sont encouragés et motivés. La méthodologie utilisée vise une approche pédagogique différenciée et l’autonomie de l’élève.

Cette manière de travailler incite également les élèves à s’entraider. Pour un animateur, il faut de l’exigence, de la rigueur, l’envie et le plaisir de partager. Avoir un regard élargi, comprendre et saisir tous les détails concernant l’attitude des enfants, des adultes et veiller à ce qu’ils s’épanouissent, à rendre les matières plus attractives en leur donnant du sens.

La bonne collaboration avec les coordinateurs internes des écoles et le suivi des élèves par ceux-ci, permettent une meilleure communication et un meilleur suivi du projet entre les différents interlocuteurs (animateurs, directions, enseignants, parents, élèves et Bruxelles Laïque).

Un des moments forts de ce projet est l’organisation des ateliers pédagogiques lors des congés scolaires dans de nos locaux. Depuis quelques années, nous observons une participation et une motivation importantes des jeunes et une réelle satisfaction des parents.

Il est pertinent d’aider et de soutenir ces jeunes pour qu’ils surmontent leurs lacunes et essaient de se réconcilier avec l’école à travers un soutien pédagogique différencié et ludique.

Les ateliers d’alphabétisation et de français permettent aux personnes ne maîtrisant pas le français d’évoluer dans l’apprentissage de la langue, de faciliter leur insertion sociale permettant de lutter contre toute forme de discrimination.

Chaque année académique, plus de 300 adultes (18 à 65 ans, d’origine et/ou de nationalité étrangère et issus de milieux fragilisés) s’inscrivent aux différents groupes et participent aux ateliers. Les ateliers d’alphabétisation sont destinés à un public adulte francophone ou non, n’ayant jamais été scolarisé ou n’ayant acquis aucun diplôme scolaire en Belgique ou dans le pays d’origine. Les ateliers de français langue étrangère (FLE) sont destinés aux adultes d’origine étrangère scolarisés mais ne connaissant pas ou peu le français.

Les objectifs généraux des ateliers d’alphabétisation et de français visent à la fois l’apprentissage de la langue française dans ses quatre compétences (compréhension écrite et orale, expression écrite et orale) par la communication, les échanges, l’écoute et le partage dans le respect de l´autre, la solidarité au sein du groupe, le développement de la confiance en soi, la création des espaces de convivialité, la valorisation de chaque personne dans les compétences qu’elle possède, le plaisir de travailler ensemble, la sensibilisation à la citoyenneté, à la responsabilité et à l’autonomie. Le but final étant de favoriser l’insertion sociale et la cohésion sociale.  

Habituellement, pour favoriser la diversité et les espaces de cohésion des groupes, les actions se basent sur une approche participative, interactive et interculturelle (des animations thématiques, des sorties culturelles, des jeux de cartes, des photos langage, des jeux de rôle, le ciné-club alpha, les projets alpha culture, etc.).

Les contextes socioéconomiques difficiles engendrent toute une série de difficultés tant pour le public que pour les animatrices. Par exemple, la crise sanitaire a eu un impact direct sur l’organisation et la présence des personnes aux ateliers. La difficulté de poursuivre les apprentissages en visioconférence avec un public démuni face à plusieurs facteurs socioéconomiques – une vulnérabilité sociale patente, sans emploi, ni appuis ou réseaux de relations pour les accompagner ou les rassurer quotidiennement – et le peu d’interaction avec les différents acteurs associés à ces actions. Les rencontres, les échanges et les interactions n’ont pas pu être maintenus, mais ces difficultés ont permis à l’équipe des animatrices de s’adapter et d’aborder de nombreux chantiers pédagogiques et organisationnels.

Les participants ont beaucoup apprécié l’opportunité de continuer les apprentissages malgré les circonstances difficiles. Cet espace d’apprentissage est un grand soutien moral pour l’ensemble de notre public et d’une grande motivation pour l’équipe pédagogique.

CONCLUSION

Pour un changement social pour plus d’égalité et plus de droit pour tous, il est important de poursuivre nos actions de sensibilisation, de citoyenneté et de lutter contre toute forme de discrimination et d’exclusion. Il est essentiel de maintenir le lien social et le travail pédagogique avec les bénéficiaires des ateliers et de collaborer avec les différentes équipes de Bruxelles Laïque, mais aussi avec l’ensemble du tissu associatif bruxellois.


[1] Ensemble des processus sociaux qui contribuent à assurer à tous les individus ou groupes d’individus, quelle que soit leur origine nationale ou ethnique, leur appartenance culturelle, religieuse ou philosophique, leur statut social, leur niveau socio-économique, leur âge, leur orientation sexuelle ou leur santé, l’égalité des chances et des conditions, le bien-être économique, social, culturel afin de permettre à chacun de participer activement à la société et d’y être reconnu.

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