ÉVOLUTION DES DROITS HUMAINS : ENTRE DOMINATION, HUMANISME ET UNIVERSALISME

par | BLE, Démocratie, DES.HUMANISMES

L’évolution des droits humains est l’un des chapitres les plus significatifs de l’histoire de l’humanité. Elle est intimement liée à la quête de l’humanisme, qui place l’être humain au centre de ses préoccupations. Bien que souvent perçue comme issue principalement de la pensée occidentale, cette évolution puise évidemment ses racines dans une multitude d’influences philosophiques, religieuses et culturelles à travers le monde, consolidant progressivement l’idée d’une universalité des droits fondamentaux et de la dignité inhérente à chaque individu.

Si au fil des siècles, certains droits fondamentaux ont vu le jour dans diverses civilisations, leur application restait souvent limitée à certaines catégories de la population, excluant fréquemment les femmes, les minorités religieuses et ethniques, les castes inférieures, ou les peuples colonisés.

L’histoire des droits humains est donc intimement liée à leur prétention à l’universalité mais n’est pas exempte de contradictions et de conflits. Ces deux concepts n’ont pas toujours évolué de manière synchrone ou uniforme et leur histoire est ponctuée de débats, de luttes, et d’avancées qui ont façonné la compréhension contemporaine des droits fondamentaux.

Un petit peu d’histoire

Nous allons aborder l’histoire des droits humains depuis l’Antiquité, où les premières grandes civilisations ont développé des concepts de justice, d’équité ou de dignité humaine. Babylone, avec le Code Hammurabi, l’Égypte et son concept de “Maât”, la Perse sous Cyrus le Grand ou l’Inde d’Ashoka sont tant d’exemples de civilisations qui ont introduit des lois et principes visant à protéger contre l’arbitraire certains groupes au sein de leurs sociétés. Dans les civilisations monothéistes régies par les religions du Livre des principes moraux et juridiques ont émergé pour protéger les droits de certains groupes, réguler la société tout en imposant des structures hiérarchiques et des distinctions claires entre croyants et non-croyants.

Ces premiers textes juridiques et philosophiques posaient les bases d’une justice sociale reflétant d’avantage des tentatives de structurer et de stabiliser des sociétés en utilisant des cadres juridiques qui bénéficiaient principalement à des groupes privilégiés, laissant de côté les femmes, les étrangers, les populations conquises, les castes dites inférieures, les « autres ». Nous ne pourrions pas parler de ces derniers en termes de droits humains selon notre conception moderne de ceux-ci.

De surcroît, ces sociétés qui posaient les premières pierres d’une justice organisée étaient également marquées par des formes de brutalité et de domination stricte. Malgré les édits de l’empereur Ashoka prônant la non-violence après sa conversion au bouddhisme, son règne débuta par la sanglante conquête du Kalinga, causant des milliers de morts et de déportations. De même, en Chine, sous la dynastie Han, la politique de sinisation a cherché à assimiler de force les cultures locales et a considéré les peuples conquis comme des « sous-hommes ». En Perse, bien que le Cylindre de Cyrus soit souvent considéré comme une charte précoce des droits humains pour sa promotion de la liberté de culte et l’abolition de l’esclavage, il vise plus à légitimer les conquêtes de l’Empire en maintenant son contrôle par la répression violente et la conscription forcée de soldats. La Grèce antique et Rome ont développé des concepts avancés de droit et de citoyenneté, cependant, ces sociétés s’appuyaient également sur l’esclavage et la violence militaire pour maintenir leur économie et leur influence politique. De leur côté, certaines sociétés africaines, comme celles des Igbo du Nigeria ou des Akan du Ghana, ont établi des systèmes juridiques communautaires pour résoudre les conflits de manière équitable, mais ces mêmes sociétés pratiquaient la traite des esclaves, déshumanisant captifs et populations conquises. En Amérique latine, les civilisations précolombiennes telles que les Mayas, les Aztèques et les Incas ont développé des structures juridiques complexes qui intégraient des principes de justice ou du respect de la terre et des ressources naturelles qui pourraient être vus comme précurseurs de certaines idées de droits collectifs modernes tout en imposant leur domination par la guerre, les sacrifices humains rituels, et la répression des rébellions. Les sociétés régies par les religions du Livre ont imposé des structures hiérarchiques et des distinctions claires entre croyants et non-croyants qui y subirent parfois les pires exactions.

Ces exemples démontrent que, même dans les contextes où des ébauches de droits humains existaient, la brutalité, la coercition et la déshumanisation restaient des moyens courants de maintien du pouvoir. Ils illustrent également la distinction stricte qui a souvent été faite entre ceux qui méritaient de bénéficier des droits et tous les autres, soulignant ainsi les contradictions profondes entre les idéaux de justice et les réalités de domination.

Face à ce constat, l’universalisme en tant que concept éthique et philosophique émergea dans de nombreuses cultures ou traditions religieuses du monde. L’idée que tous les êtres humains partagent une humanité commune et que certains principes moraux et éthiques s’appliquent universellement contre les dominations est une notion profondément enracinée dans l’histoire des penseurs de l’humanité.

En Chine, le taoïsme, fondé sur les enseignements de Lao Tseu, prône l’harmonie universelle, encourageant une coexistence pacifique entre les humains et avec la nature. En Afrique australe, le concept d’Ubuntu, “je suis parce que nous sommes“, souligne une humanité commune et l’interdépendance des individus au sein de la communauté. Dans les Andes, le concept de Sumak Kawsay ou Buen Vivir, issu des cosmovisions indigènes, prône une vie en harmonie avec la communauté et la nature, reconnaissant la dignité de tous les êtres vivants. En Perse antique, le zoroastrisme, fondé par Zarathoustra, introduit des concepts de justice universelle et de responsabilité collective pour le bien commun, indépendamment des différences ethniques ou culturelles. Dans les religions du Livre cette idée d’universalité et d’un droit naturel lié à la divinité est centrale, reflétant un universalisme juridique fondé sur des normes morales minimales pour vivre en harmonie. Certaines de leurs interprétations ont permis de promouvoir une certaine forme d’égalité ou de justice sociale dans des contextes liberticides.

Les penseurs gréco-romains de l’Antiquité, tels que Platon, Aristote, Cicéron, et les stoïciens comme Épictète et Marc Aurèle, ont quant à eux contribué à ces réflexions en développant des concepts de justice, de loi naturelle et d’universalisme moral. Les stoïciens, en particulier, ont avancé l’idée d’une fraternité universelle et d’un cosmopolitisme où tous les êtres humains seraient égaux par nature. Cependant, ces notions de justice et de droits étaient encore généralement circonscrites aux citoyens libres, excluant largement les femmes, les esclaves et les étrangers des protections juridiques et des droits civils.

Plus tard, la Renaissance a marqué une période de renouveau intellectuel et culturel, redécouvrant les valeurs de l’Antiquité plaçant l’accent sur l’individu, sa raison, et son potentiel éthique. Ce retour à l’autonomie de la pensée humaine a posé les bases de l’humanisme, préparant le terrain pour les Lumières du XVIIIe siècle. Ce mouvement a approfondi les principes d’humanisme, d’universalisme et de droits humains, en les fondant sur l’idée que ces droits sont naturels, universels, et inaliénables.

Des philosophes majeurs de la Renaissance ont formalisé l’idée que les droits humains découlent de la nature rationnelle de l’homme. Locke affirme que les droits à la vie, à la liberté et à la propriété sont inhérents à tous, tandis que Kant soutient que la rationalité impose des devoirs moraux universels. Rousseau propose le contrat social pour garantir l’égalité et la liberté, et Montesquieu insiste sur la séparation des pouvoirs pour protéger ces droits contre les abus.

Bien que ces idées aient jeté les bases d’une éthique universelle, leur mise en pratique restait, nous le savons, limitée par les contextes sociaux et politiques ainsi que par les mécanismes de domination. La plupart de ces penseurs ne reconnaissaient toujours pas pleinement les réalités vécues par les peuples colonisés, les esclaves ou les femmes. Certains philosophes des Lumières, comme Voltaire et Montesquieu, ont de surcroît justifié eux-mêmes la colonisation et l’esclavage, ajoutant ainsi une dimension paradoxale et complexe aux idées de droits universels qu’ils promouvaient.

Néanmoins, les Lumières ont été cruciales pour formaliser et diffuser l’idée que tous les êtres humains, en tant qu’êtres rationnels, méritent des droits égaux.

Evolution contemporaine

L’évolution contemporaine des droits humains peut être analysée en termes de générations de droits, chacune reflétant les préoccupations et les réalités sociales de son époque. Ces générations montrent comment la notion de droits humains s’est progressivement élargie pour inclure de nouveaux droits et groupes, tout en s’adaptant aux contextes sociaux et politiques changeants.

La première génération des droits humains, également appelés droits civils et politiques, a émergé principalement à partir des révolutions américaine et française de la fin du XVIIIe siècle. Ces droits comprennent le droit à la liberté d’expression, à la liberté de religion, à un procès équitable, et à la participation politique. Ils sont fondés sur les principes de liberté individuelle et d’autonomie personnelle, souvent associés à la lutte contre le despotisme et la tyrannie. Des textes fondateurs comme la Déclaration d’indépendance américaine (1776) et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789) ont été les premiers à codifier ces droits en termes universels, bien qu’en pratique, ils aient souvent été appliqués de manière sélective et n’avaient pas, à l’époque, de vocation à s’étendre à toute l’humanité à travers un texte ratifié au-delà des frontières. Par ailleurs, les femmes, les esclaves et les populations colonisées étaient encore et toujours généralement exclus de ces droits, révélant les limites de l’universalisme tel qu’il était conçu à cette époque.

La deuxième génération des droits humains, qui a émergé au XIXe et au début du XXe siècle, s’est concentrée sur les droits économiques, sociaux et culturels. Ces droits incluent le droit au travail, à l’éducation, à un niveau de vie adéquat, et à la sécurité sociale. Ils reflètent une reconnaissance croissante des inégalités économiques et sociales et l’idée que les droits humains ne se limitent pas à la liberté politique, mais doivent également inclure des conditions matérielles permettant une vie digne. La Révolution industrielle et l’émergence des mouvements ouvriers ont joué un rôle crucial dans la formulation de ces droits, mettant en lumière la caducité des droits civils et politiques face aux conditions de travail abusives et aux inégalités. En réponse aux injustices sociales et économiques exacerbées par l’industrialisation, des mouvements ouvriers et sociaux ont commencé à revendiquer des droits économiques et sociaux, tels que le droit à des conditions de travail équitables, à une juste rémunération, et à la protection contre le chômage et la pauvreté.

L’idée d’un cadre universel de droits applicable à tous les peuples du monde a progressivement pris forme. Contrairement aux déclarations précitées qui visaient principalement à établir des principes pour des États-nations spécifiques, la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1948 marque une rupture significative. Pour la première fois, un texte de portée mondiale, ratifié par une majorité d’États souverains, énonce des droits qui ont vocation à être respectés par tous les Etats, indépendamment de leurs frontières. Au lendemain des horreurs de la seconde guerre mondiale, cette déclaration reflète un engagement collectif à promouvoir et protéger les droits humains à l’échelle globale, établissant ainsi les fondements d’un droit international des droits de l’homme qui transcende les cadres nationaux et culturels.

La troisième génération des droits humains, apparue dans la seconde moitié du XXe siècle, comprend les droits collectifs ou de solidarité, tels que le droit au développement, le droit à un environnement sain, et le droit à la paix. Ces droits reflètent la prise de conscience croissante des interdépendances globales et de la nécessité de coopérer au niveau international pour résoudre des problèmes communs, comme la pauvreté, la dégradation de l’environnement, et les conflits armés. Ces droits, parfois appelés « droits de solidarité », transcendent les droits individuels pour inclure des droits qui ne peuvent être réalisés qu’à travers la coopération collective et internationale. La Convention européenne des droits de l’homme, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, ou la Déclaration sur le droit au développement des Nations Unies sont des exemples de documents qui consacrent ces droits de solidarité. Ces droits mettent en lumière la nécessité d’une action collective et d’une responsabilité partagée pour garantir un développement durable et équitable à l’échelle mondiale.

Enfin, certains juristes et philosophes parlent désormais d’une « quatrième génération » de droits humains, qui inclurait des droits émergents liés aux développements technologiques et scientifiques contemporains, ainsi qu’aux nouvelles préoccupations éthiques. Ces droits pourraient inclure le droit à la protection des données personnelles, le droit à l’intégrité biologique et psychologique face aux avancées biotechnologiques, et le droit à l’accès à la technologie et à l’information. Les défis posés par l’intelligence artificielle, la surveillance numérique, et les manipulations génétiques soulèvent des questions fondamentales sur la nature des droits humains et sur la nécessité de nouveaux cadres juridiques pour protéger la dignité et les libertés individuelles dans un monde de plus en plus interconnecté et technologiquement avancé. La reconnaissance de ces nouveaux droits met en lumière l’importance d’adapter les cadres juridiques internationaux pour répondre aux réalités changeantes du monde moderne et garantir la protection des droits fondamentaux dans tous les contextes.

Concernant le caractère contraignant ou l’application réelle de ces droits au sein des États contemporains, il serait trop long d’en faire l’étude ici. Toutefois, il est manifeste que leur exécution reste inégale et souvent relative, voire quasi inexistante selon les contextes.

Conclusion

Ces fondements philosophiques et éthiques d’universalisme des droits humains ont naturellement suscité – et suscitent encore – certaines remises en question en raison notamment de leurs limites et dérives. En effet, paradoxalement, bien que l’universalisme ait inspiré de nombreuses luttes d’émancipation, il fut également utilisé à outrance pour justifier des conquêtes coloniales et des formes d’oppression. En particulier, les conquêtes coloniales européennes ont fréquemment été justifiées par l’idée d’une « mission civilisatrice », prétendant apporter les valeurs universelles de l’Occident à des populations jugées « inférieures » ou « non civilisées ». Ce discours a servi à légitimer la domination, l’assujettissement, voire l’extermination de populations indigènes.

L’universalisme est en outre critiqué pour son aveuglement face aux différences culturelles et aux inégalités. L’universalisme abstrait de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ne prenant par exemple pas en compte les discriminations fondées sur la race ou le sexe, ni les droits des populations étrangères. Cette vision uniforme de l’universalisme a souvent été accusée de masquer les inégalités et de servir d’outil de domination culturelle et politique, ignorant la diversité des expériences et des réalités vécues.

Certaines objections quant à l’universalité des droits de l’homme vont plus loin et finissent par trahir ceux qu’elles prétendent protéger, confondant le principe lui-même avec l’application qui en a parfois été faite. Sous couvert de respect des différences culturelles, certains hésitent alors à dénoncer de violations flagrantes des droits humains, craignant d’imposer une vision dite “occidentale” à des cultures ayant leurs propres normes. Ce raisonnement relativiste peut devenir un alibi pour l’inaction, laissant les victimes sans défense face à la cruauté. En refusant de condamner de telles pratiques au nom d’une fausse idée que l’on peut se faire du respect culturel, on oublie que la quête de dignité est un besoin profondément humain et n’est pas sensé connaître de frontières. Les mouvements anticolonialistes originaires et de libération nationale tels que la lutte pour l’indépendance de l’Inde, la Révolution algérienne, la Déclaration d’indépendance du Vietnam, la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud ou le Mouvement pour les droits civiques aux États-Unis ont largement invoqué les idées de droits universels pour légitimer leurs luttes contre la domination et l’oppression.

Une autre critique courante de l’universalisme est celle qui émane d’une partie de la mouvance dite intersectionnaliste. Comment imaginer une application universelle des droits alors que tant de constructions discriminatoires s’entremêlent et s’additionnent en créant de nouvelles et particulières formes d’injustices ? Afin de lutter plus efficacement contre toutes les formes de dominations, il s’agirait d’adopter une approche égalitaire qui intègre à la fois l’analyse des discriminations multiples et l’aspiration effective à des droits universels d’égalité et de justice qui les prenne en compte. En dépassant les malentendus ou applications volontairement détournées de ces concepts nous pouvons éviter leurs fausses oppositions et aspirer à un militantisme en front commun. L’intersectionnalité permet judicieusement d’analyser les différentes formes de discrimination qui se croisent et s’additionnent, relevant les spécificités qui doivent être prises en compte tandis que l’universalisme propose un cadre de droits égaux évolutif qui intègre ces différences. Dans sa forme la plus inclusive elle ne cherche pas à nier les différences, mais plutôt à s’assurer que tous les individus, indépendamment de leurs particularités, bénéficient des mêmes droits et protections.

Afin de dépasser l’ensemble de ces critiques, il est essentiel de concevoir les droits humains non pas comme une construction statique imposée par l’Occident, mais comme un projet en constante évolution, enraciné dans une pluralité de traditions culturelles et juridiques. L’universalisme des droits humains doit être compris comme un principe inclusif, ouvert à l’interprétation et à l’adaptation selon les contextes socioculturels, indépendamment de l’application détournée, relative, inégale, et sujette aux intérêts fluctuants des dominations qui en est fait.

Un universalisme véritablement inclusif reconnaît la diversité des expériences humaines et intègre les perspectives et les pratiques culturelles locales dans la formulation et la mise en œuvre des droits. Les droits humains universels ne sont pas simplement l’imposition d’un ethnocentrisme occidental, mais bien un idéal à atteindre, résultat de luttes sociales pour l’égalité et la justice des peuples.

Dans un monde de plus en plus polarisé, où les discours populistes gagnent du terrain et où certains dirigeants semblent indifférents aux principes fondamentaux de justice et de dignité humaine, ces droits et libertés risquent de devenir des promesses creuses. Il est donc impératif de rester vigilant et engagé pour préserver ces acquis et continuer à les adapter aux défis contemporains, sous peine de les voir s’éroder face à l’indifférence et aux ambitions politiques.

Pour aller plus loin :

  • Benoît Frydman, “Les droits de l’homme en transition : Droits émergents et mutations globales”, PUF, 2021.
  • Olivier De Schutter, “Les Droits fondamentaux : Une Réflexion collective”, PUF, 2007.
  • Claude Lefort, “Les Droits de l’homme et l’universel”, Gallimard, 2000
  • Gérard Cohen-Jonathan et Jean-François Flauss, “Les droits de l’homme au-delà des droits civils et politiques”, Bruylant, 2004.
  • Dominique Rousseau, “Droits de l’homme et libertés fondamentales”, Dalloz, 2020.
  • Aimé Césaire, “Discours sur le colonialisme”, Présence Africaine, 1955 – https://www.larevuedesressources.org/IMG/pdf/CESAIRE.pdf

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